Petite révolution chez les analyseurs de métaux. Avant la fin de l'année, l'allemand Bruker devait commercialiser sa première génération de pistolets analyseurs à rayon laser (LIBS) dans la foulée des pistolets SciAps, lancés cet été en France par le distributeur Action-NDT. Ils inaugurent ainsi la bataille du laser sur le marché des recycleurs, après deux ans de monopole du mPulse d'Oxford. « Pour le recyclage et la récupération, le laser LIBS cumule tous les avantages de la technologie XRF sans les inconvénients : on s'affranchit de toutes les contraintes, y compris de formation », assure Lucien Projac, dont l'entreprise du même nom distribue exclusivement le mPulse depuis 2013. Autre avantage de la technologie LIBS, sa rapidité d'analyse, de l'ordre d'une seconde. L'avenir des appareils à fluorescence X à énergie dispersive (XRF), largement répandus chez les recycleurs de métaux, serait-il compromis ? Signe d'une demande mondiale en hausse, chez Projac, le temps d'attente entre la commande et la livraison d'un analyseur LIBS a pu grimper ponctuellement à trois mois avant l'été 2015. Et Projac confie vendre désormais neuf fois plus d'analyseurs LIBS que de XRF. Pour son concurrent Bruker, auteur d'une note technique comparative détaillée sur le sujet (voir son site web), le LIBS l'emporte effectivement pour séparer des alliages en aluminium et les nuances (« grades ») de magnésium ou de titane. Par contre, la technologie XRF a encore de beaux jours devant elle en contrôle de production (PMI) et pour l'analyse fine d'alliages en inox, par exemple contenant du molybdène. De même, pour des alliages plus lourds, « le XRF apporte une meilleure sensibilité », toujours selon Bruker. Mais qu'en est-il des besoins émergents en analyse métallique ? D'après tous les distributeurs que nous avons interrogés, il n'y a rien de nouveau sous le soleil des recycleurs. Les métaux précieux sont depuis longtemps traqués et identifiés. Quant aux terres rares, présentes dans les écrans plats et les portables, elles sont certes repérables grâce au LIBS et au XRF, mais tant que les débouchés en valorisation restent inexistants, la profession est attentiste.
Plastiques sous infrarouge
Concernant les plastiques, par contre, les recycleurs se heurtent encore à plusieurs limites techniques. Non pas pour identifier le brome et le chlore aux vertus ignifuges ; la spectrométrie d'émission optique (OES) y parvient, qu'elle soit employée en ligne de tri ou avec un pistolet. Pas plus pour identifier les matrices polymères ; là, le proche infrarouge est efficace. La principale limite concerne l'analyse des plastiques multicouches : il n'y a en effet pas de solution portable directement accessible. Tout au plus existe-t-il des solutions sur mesure, par exemple avec le MicroPhazir GP de Thermo Fisher.
Autre difficulté enfin, celle des plastiques noirs. Très présents dans la filière des véhicules hors d'usage, ils ne sont pas analysables par le proche infrarouge. Ils doivent passer, pour être détectés, par une spectrométrie à étincelle ou une version spéciale d'infrarouge (Fourier). Les produits disponibles avec ces technologies ont une alimentation secteur et pèsent trois fois plus, au moins, qu'un pistolet analyseur de métaux. Du moins, pour le moment. n