Après une brève présentation en avant-première à Pollutec, Orée a lancé officiellement la plateforme Elipse. L'association a démarré ce projet en 2014 avec un financement de l'Ademe et du ministère de l'Environnement. Si à l'époque une quarantaine de projets d'écologie industrielle territoriale étaient répertoriés en France, il était bien difficile d'évaluer leurs performances. Et ce besoin était exprimé tant par les porteurs de projets que par les acteurs qui les soutenaient financièrement.Un besoin d'évaluationLe référentiel Elipse répond à cette demande mais pas seulement. « C'est un outil structurant qui va permettre d'objectiver les résultats. Il va satisfaire les besoins quotidiens de suivi des praticiens mais aussi ceux de l'ensemble des acteurs des projets », explique Thomas Gourdon de l'Ademe. Pour Sabrina Brullot de l'université de technologie de Troyes, un des trois chercheurs qui a participé à l'élaboration du référentiel, il a aussi une spécificité. « Il apporte une vision globale sur une démarche d'écologie qui est à la fois industrielle et territoriale. Il mesure non seulement les bénéfices apportés à l'entreprise mais aussi au territoire ». En effet, Elipse s'adresse à trois types d'utilisateurs, les animateurs du projet, les observateurs (les parties prenantes du projet qui vont permettre une co-évaluation) et les simples visiteurs qui vont avoir accès à la liste des projets enregistrés et à leur présentation.Un questionnaire d'une soixantaine d'indicateursIl s'agit pour les porteurs de projet d'évaluer leur démarche à travers un questionnaire de 61 indicateurs (dont 16 obligatoires) organisés en trois thématiques : la coopération multi-acteurs, la création de richesses locales et la boucle des flux. Le porteur du projet disposera d'un état de référence, d'un historique et d'un suivi de chaque indicateur et d'une note globale de D- à A+. Des retours très positifsLes retours des territoires qui ont expérimenté Elipse sont très positifs. « Nous avons commencé le projet de Green Valley spontanément à partir des besoins de diversification du papetier Norske Skog qui voulait revendre de la chaleur et du bois et mutualiser des services comme une station d'épuration. Mais nous n'avions pas de méthode. Elipse nous a obligés à chiffrer ces échanges et permis de réfléchir à de nouveaux axes de synergies », explique Jacques-Alexandre Vignon de Green Valley, un projet d'écologie industrielle bâti à l'échelle d'une zone d'activités d'Épinal (Vosges). Même son de cloche chez Idée Alsace qui porte le projet d'écologie industrielle du port autonome de Strasbourg avec 22 entreprises. « Elipse nous a permis de voir nos points faibles et nos points forts et nous aide à progresser », confirme Simon Pingeon d'Idée Alsace qui a chiffré les résultats des huit projets déjà mis en œuvre. « 300 000 euros d'économies réalisées par les industriels auxquels s'ajoute la non construction d'un équipement de 200 000 euros. On peut aussi parler de 3500 tonnes de CO2 évités, de 40 000 litres d'eau économisés et de 10 emplois créés », ajoute-t-il.La mise en ligne du référentiel et son accès gratuit vont permettre à Orée un suivi statistique des démarches en cours en France. « C'est une nouvelle page de l'écologie industrielle et territoriale. Nous sommes dans une dynamique de concrétisation et d'accélération », conclut Thomas Gourdon.DB
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