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[Tribune] L’agriculteur est un entrepreneur du Green New Deal

PUBLIÉ LE 21 FÉVRIER 2020
REMY COMPANYO, COO ET COFONDATEUR D'ILEK
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[Tribune] L’agriculteur est un entrepreneur du Green New Deal
Alors que va s’ouvrir le Salon international de l’agriculture ce samedi 22 février, Remy Companyo, COO et cofondateur d’Ilek, rappelle que, si les pratiques agricoles sont souvent décriées, nombre d’agriculteurs font aujourd’hui le choix de la méthanisation, « convertissant le problème climatique en opportunité économique nouvelle », explique-t-il, devant ainsi un entrepreneur du « Green New Deal ».

L’agriculteur a bien mauvaise presse. Il est pauvre et il pollue la planète. Selon un rapport de l’Insee publié en 2019, 20 % des agriculteurs, dont un tiers d’éleveurs bovins, n’ont pu se dégager de salaires en 2017. Surtout, l’impact environnemental de ses activités attire, à tort et à raison, la foudre des écologistes. A raison puisque l’élevage émet 14,5 % des gaz à effet de serre, selon les conclusions de la FAO. Mais aussi à tort puisque
nombre d’agriculteurs, forts de ces enjeux climatiques et soucieux de la diversification de leur profession rendent grâce à la théorie de Jeremy Rifkin. En faisant le choix de la méthanisation, ils convertissent le problème climatique en opportunité économique nouvelle. Et c’est à ce titre que l’agriculteur devient aujourd’hui plus que jamais un entrepreneur du « Green New Deal ».

L’agriculteur : de l’exploitant à l’entrepreneur

L’agriculteur d’hier était un acteur en prise avec la société de consommation de masse. Tout consommateur des Trente Glorieuses qu’il était, il désirait acheter son poulet à moins de 10 euros le kilo en hypermarché. Cette demande explosive a poussé le secteur vers des modèles agricoles et industriels de plus en plus productivistes.

Mais ces derniers atteignent aujourd’hui leurs limites pour deux raisons principales : La première, c’est qu’ils ont placé les agriculteurs dans des situations de précarité financière. La multiplication des intermédiaires dans la filière du lait et de la viande a réduit considérablement la
marge des producteurs. Avec 35 centimes de revenus en moyenne par litre de lait et 380 euros les mille litres, la plupart des producteurs laitiers ne parviennent pas à vivre de leurs activités. La seconde, l’impact climatique de l’agriculture extensive a eu des conséquences
climatiques considérables. Rien qu’à elle, la filière bovine serait responsable de 60,4% des émissions de gaz à effet de serre agricoles françaises.

C’est pour toutes ces raisons que plus jamais en 2020, l’agriculture est sur le chemin de la transition. En ligne de mire, des modèles plus pérennes et responsables émergent : agriculture biologique, agriculture raisonnée, permaculture… En parallèle, c’est fort de ces enjeux
nouveaux, que l’agriculteur a changé de posture au fil des années. De l’image d’Epinal de l’exploitant sur un tracteur, le voilà devenu en quelques années un chef d’entreprise beaucoup plus multi-casquettes qui doit pivoter, gérer ses coûts et ses profits, trouver des financements,
défendre ses projets, faire du lobbying, etc.


La méthanisation est un levier du New Green Deal agricole

Et en termes de pivot, la méthanisation se révèle justement un projet entrepreneurial efficace chez les éleveurs bovins. Elle permet de transformer la crise structurelle et climatique en opportunité
majeure. Soit un « New Green Deal » agricole si l’on emprunte les termes de Jeremy Rifkin. Pour rappel, la méthanisation consiste à produire du biogaz à partir des déjections bovines. Le processus a ses lettres de noblesses écologiques. Il valorise les déchets en produisant une énergie
renouvelable et décarbonée. Il réduit les émissions de gaz à effet de serre. Avec la méthanisation, ce sont 4.500 tonnes de CO2 qui sont économisées par an. Enfin, il diminue l’apport des engrais
de synthèse.

Surtout, la méthanisation améliore sensiblement les revenus des agriculteurs. Selon l’étude menée par l’Ademe « Agriculture et énergies renouvelables » de 2018, la méthanisation agricole aurait
permis de dégager en France un chiffre d’affaires de 88 millions d’euros par an. Et les promesses ne s’arrêtent pas là puisque le gouvernement entend bien faire grimper la part des gaz issus de l’élevage à plus de 10% d’ici à 2030.

A l’échelle locale, la méthanisation permet enfin de fonctionner en circuit-court. Encore aujourd’hui, la France reste dépendante d’autres pays comme la Russie, la Grande-Bretagne ou encore l’Algérie pour son approvisionnement en gaz. Demain, on pourrait imaginer la réduction de
cette dépendance énergétique au profit du rapprochement des territoires, au profit du rapprochement producteur-consommateur.

L’agriculteur est aujourd’hui cet entrepreneur bien conscient de la nécessité du « produire mieux » pour la planète tout en s’assurant des revenus stables. La méthanisation est une des voies pour y parvenir et de réconcilier économie et écologie. La démarche crée en tout cas du sens chez toute une génération de jeunes producteurs.
Remy Companyo, COO et cofondateur d'Ilek. © Ilek
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