La société Hydrass avait déjà mis au point des vannes de curage à vague pour réseaux d'assainissement. Principe : leur ouverture se déclenche en fonction d'une hauteur d'eau accumulée, qui exerce une pression abattant le panneau de retenue et génère une onde de crue capable de balayer les déblais sur une distance de plusieurs dizaines de mètres. Ensuite, la vanne se referme. Les agents doivent alors démonter ces vannes, les déplacer et les réinstaller sur les différents points du réseau.
Pour s'affranchir d'une intervention humaine, Hydrass a fait en sorte que cette vanne puisse se déplacer d'un bout à l'autre d'un tronçon. Ces équipements fixes et mobiles fonctionnent avec la seule énergie hydraulique du réseau. Aucune batterie, aucun branchement électrique ne sont nécessaires. Sur le plan de la maintenance, ils n'ont besoin que d'un nettoyage de temps à autre.
La Sevesc, société d'assainisse-ment des Hauts-de-Seine, est le premier exploitant à avoir mis en oeuvre cette vanne, dite 3 D, sur un tronçon de 1,5 km de long et 2 m de haut à Boulogne-Billancourt, à l'issue d'une période d'essais (à l'automne 2007) et de modifications menées en partenariat avec Hydrass. Le robot cureur de vague chasse les accumulations de déblais jusqu'à une chambre de dessablement où l'extraction par moyens mécaniques est facilitée.
rigide et léger
Située dans la région lyonnaise, Hydrass n'est constituée que d'une seule personne : son dirigeant Bernard Sikora. Elle fonctionne selon un système de franchise avec des collectivités territoriales, des exploitants de réseaux, voire des écoles d'ingénieurs. Ce qui permet d'associer étroitement les utilisateurs des équipements et les chercheurs lors de l'élaboration des produits. « Tout l'intérêt de travailler avec l'exploitant est de pouvoir partager la connaissance du réseau », souligne Bernard Sikora.
« Ce robot doit faire beaucoup de choses, rappelle Christophe Tomaseau, responsable du projet à la Sevesc : avancer tout seul dans le collecteur, créer une onde crue, réagir selon le débit fort ou faible, disposer d'une sécurité en cas d'orage, avoir des ailes articulées sur les côtés, ne pas encrasser le collecteur dans son sillage et ne pas dépasser les accumulations de déblais qu'il est chargé de curer. Ce qui nécessite de bien adapter le racleur. » Pour réussir cet ensemble de tâches complexes et intégrer toutes les contraintes, la vanne a été construite par étapes à partir d'un caisson, auquel ont été rajoutés des éléments au fur et à mesure. L'un des points clés est l'étanchéité. « Si l'on perd trop d'eau, reprend Christophe Tomaseau, la vanne perd en efficacité. Il faut adapter le robot aux conditions hydrauliques. » La rigidité et la légèreté du caisson sont également primordiales, car il doit pouvoir être manipulé facilement dans le réseau.
En cours d'essai, d'abord en point fixe puis en version robot sur un tronçon de 175 m de longueur, le système de contrepoids du volet basculant et lesté a été remplacé par des ressorts. Leur modèle et leur emplacement ont été changés plusieurs fois avant de parvenir à la bonne configuration. Ce robot cureur à vague est destiné à réduire les coûts d'exploitation et les impacts environnementaux (nuisances sonores, olfactives, gêne à la circulation de surface) ainsi qu'à diminuer la pénibilité du travail pour les équipes. Et, en plus, le robot crée un appel d'air, donc une meilleure oxygénation du collecteur.