Certaines fonctionnalités de ce site reposent sur l’usage de cookies.
Les services de mesure d'audience sont nécessaires au fonctionnement du site en permettant sa bonne administration.
ACCEPTER TOUS LES COOKIES
LES COOKIES NÉCESSAIRES SEULEMENT
CONNEXION
Valider
Mot de passe oublié ?
EAU

Quelle solidarité mondiale pour l'eau et l'assainissement ?

LA RÉDACTION, LE 1er JUIN 2008
Archiver cet article
Newsletters
Toute l'information de cette rubrique est dans : Hydroplus
Il en va de la solidarité comme il en est de l'éducation des enfants : on les élève pour eux et non pour soi, afin qu'ils deviennent « grands », indépendants et, peut-être un jour, généreux à leur tour. Pour l'accès à l'eau des plus pauvres et une dignité retrouvée grâce à un assainissement respectueux des règles de vie en commun et de l'hygiène publique, on n'est pas solidaire par paternalisme, compassion sotte ou par autosatisfaction pseudo-éthique. Quand on est solidaire, c'est par devoir communautaire, au moyen d'efforts (tirés de son porte-monnaie), mais aussi par conviction intime et par engagement personnel, enfin pour un plaisir partagé. Les États prospères, les institutions financières internationales (IFI) qui en dépendent, les grandes fondations privées accordent peu d'intérêt à l'eau et l'assainissement (Eau et A), parent pauvre de leurs dons (aide publique au développement, programmes privés) et leurs prêts à taux bonifiés (pour les IFI). La famine, le virus du Sida, récemment les risques d'un changement climatique ont plus leur faveur, dont l'indicateur est la couverture médiatique qui la reflète. L'Eau et A est presque toujours considérée comme une affaire locale qui devrait trouver une solution avec des moyens locaux qui en fait n'existent pas. Le contexte international de l'annulation de la dette des pays les plus pauvres n'arrange rien : ce qui est annulé diminue d'autant les programmes concrets, un peu à la manière d'un prisonnier gracié à l'issue d'une peine déjà presque complètement purgée... Loin de croître, la finance internationale pour l'Eau et A stagne et préfère se tourner vers des activités moins onéreuses en investissements, plus créatrices d'emplois, plus immédiatement rémunératrices et plus visibles. « Débrouillez-vous ! » disent ainsi les riches aux pauvres. Et de citer la microfinance (la banque Grameen de Muhammad Yunus) comme échappatoire universelle. C'est comme si, en matière aéronautique, on incitait les apprentis pilotes à courir plus vite en étendant les bras afin de mieux s'envoler. La solidarité collective, à l'échelle de la planète, reste donc maintenant à construire. Tous les trois ans, les Forums mondiaux de l'eau, créés à cet effet, le rabâchent avec l'espoir que la muraille de l'indifférence finira par tomber... La première des solidarités pour l'Eau et A est pourtant collective. Il faut bien payer les infrastructures du grand nombre de ceux qui n'ont pas accès à l'eau (1,2 milliard d'humains, à peu près une personne sur cinq) et de plus du double de ceux (2,5 milliards sur 6,5) qui sont dépourvus d'un quelconque dispositif de collecte des eaux usées. Tout cela coûte cher, des milliards d'euros par an jusqu'en 2015, horizon théorique des Objectifs de Développement du Millénaire (ODM) et autant sinon beaucoup plus pour les compléter jusqu'en 2025(1). Combien de milliards faut-il ? Cela dépend du degré de qualité dont on veut bien se contenter. Ce qui est sûr toutefois, c'est qu'il ne s'agit pas de dizaines, voire de centaines de millions d'euros annuels, sommes auxquelles conduisent aujourd'hui les discours bien-pensants et événements télévisuels de circonstance, mais de beaucoup plus. Ces transferts financiers s'effectuent, lorsqu'ils sont décidés, grâce à plus d'impôts, de taxations, de tarifications payés par les plus riches en faveur de ceux qui, le plus souvent, ne paient rien encore. C'est peu dire qu'ils ne sont pas populaires. Mais comment imaginer financer autrement les grands ouvrages (barrages - mais oui -, réseaux urbains de distribution d'eau et d'égouts pour des millions d'usagers) si ce n'est par des dispositions fiscales ? Le « progrès » du plus grand nombre est à ce prix : élevé et antipathique quand bien même des campagnes d'opinion sur la solidarité nécessaire viendront atténuer ce sentiment d'injustice de la part de ceux qui paient à l'égard de ceux qui reçoivent. Un sentiment aggravé par la possibilité de mensonges publics visant à cacher le poison des flux financiers : la corruption. Le détournement financier - public et privé - à la source, au cours ou à l'aboutissement d'un flux d'argent ne disparaît à coup sûr qu'au moment où ce flux se tarit. C'est évidemment ce qu'il faut éviter puisque dans ce cas plus rien ne se réalise. La vigilance est donc de règle, mais le doute persiste toujours : a-t-elle été suffisante ? Car combien de promesses sont non tenues, d'études papier (qui ne coûtent presque rien) jamais suivies de travaux effectifs (qui coûtent), de fausses inaugurations ? La solidarité par l'impôt est aussi indispensable que son contrôle est impératif. Pour que celui-ci soit efficace, il convient que monsieur et madame Tout-le-monde se sentent concernés. L'Eau et A pour tous, partout sur la terre, à tout moment, en se prémunissant des risques qui accompagnent ce service universel, en respectant la ressource et l'environnement, tout cela n'est pas un mythe, mais un idéal auquel chaque femme, chaque homme, peut aspirer s'il dégage la volonté pour le faire. La coopération décentralisée, c'est-à-dire des petits projets sur le terrain, en relation directe avec les bénéficiaires, avec un contrôle constant et sans intermédiaires des moyens utilisés, recourant souvent à des techniques simples et robustes, faciles à transmettre et à manier, constitue une approche à la fois sympathique et efficace d'un tel idéal : aider les autres sans leur nuire. Attention toutefois de ne pas verser dans le symbolisme compensateur de bonne conscience. Les petits projets, même nombreux, voire très nombreux, soulagent chaque année des millions de personnes tout au plus. Nous sommes loin des ODM. Ce n'est pas parce qu'on s'investit dans une association de terrain (cette précision est d'importance) que l'on règle les problèmes planétaires de l'Eau et A. Mais on finit par s'y intéresser avec une compétence vécue et non par celle, artificielle, qui se limite à répéter un discours émotionnel, mais stérile. Éviter la jacasserie idéologique ou partisane, préférer l'acquisition d'une responsabilité humaniste par un travail effectif, quel qu'il soit, est probablement le meilleur complément pour intensifier et contrôler de près les flux financiers majeurs dédiés à l'Eau et A dont il était question plus haut. C'est en pratiquant qu'on parvient à devenir un bon joueur. Personne ne le fera à votre place. Le 1 % Oudin-Santini en France, accessible aux collectivités territoriales, le don volontaire à WaterAid par l'augmentation de la facture d'eau en Angleterre, le système de défiscalisation massive en Amérique du Nord qui permet d'orienter l'usage de l'impôt ne sont pas seulement des outils économiques, mais le prolongement concret des actions de citoyens qui cherchent à faire bouger les lignes et se découvrent un talent pour y parvenir. Agir pour l'Eau et A se conjugue au présent. Craindre l'avenir n'est qu'une façon d'éviter d'exercer sa responsabilité, se lamenter est une faiblesse et une perte de temps. Tandis qu'être solidaire, c'est découvrir l'allégresse de la rencontre, de la découverte, de la réussite.


PARTAGER :
À LIRE ÉGALEMENT
Eau potable : Choisy-le-Roi, terrain d’essai pour une filtration membranaire d'avant-garde
Eau potable : Choisy-le-Roi, terrain d’essai pour une filtration membranaire d'avant-garde
Enquête/2 | Bièvre : stocker les crues dans le milieu naturel
Enquête/2 | Bièvre : stocker les crues dans le milieu naturel
Fleuve Adour :  mise en place d'un nouveau cadre réglementaire pour protéger le saumon
Fleuve Adour : mise en place d'un nouveau cadre réglementaire pour protéger le saumon
Mieux comprendre le rôle de l’isolation des tuyaux
Mieux comprendre le rôle de l’isolation des tuyaux
TOUS LES ARTICLES EAU
Les plus lus
L'essentiel de l'actualité de l'environnement
Ne manquez rien de l'actualité de l'environnement !
Inscrivez-vous ou abonnez-vous pour recevoir les newsletters de votre choix dans votre boîte mail
CHOISIR MES NEWSLETTERS