Eau du Sud Parisien (ESP), filiale de Lyonnaise des eaux, a mis en place un procédé naturel de lagune filtrante pour traiter les eaux de lavage de son usine de production d'eau potable de Périgny-sur-Yerres, dans le Val-de-Marne. Captant l'eau dans la nappe souterraine de Champigny, l'usine réalise une filtration sur charbon actif en grains (CAG) pour éliminer les différents polluants, en particulier les pesticides. Avec le temps, les particules de charbons se répartissent de façon homogène par tranche, ce qui crée des passages préférentiels pour l'eau.
brassage des grains
En conséquence, le filtre, qui fonctionne moins bien, nécessite l'envoi d'air surpressé pour éliminer ces agglomérations. Ce système permet un brassage des grains et aboutit à une légère érosion du charbon en une poussière très fine. Cette dernière ainsi que les polluants sont entraînés dans les eaux de lavage au moment du rinçage du filtre. En raison de l'absence de raccordement à un réseau d'assainissement, le site de Périgny-sur-Yerres doit donc traiter sur place ces eaux de lavage avant leur relargage dans le milieu naturel.
Pour cela, ESP a remplacé son traitement par filtration mécanique utilisant des bassins de stockage en béton, des pompes... par une lagune filtrante. Composée de différentes plantes adaptées aux zones humides comme les phragmites, iris d'eau et salicaires, le bassin s'étend sur une surface d'environ 500 m2. L'étanchéité de la lagune est assurée par une superposition de couches de géotextile et de géomembrane qui empêche toute infiltration dans les eaux souterraines. Une fois par semaine, pendant dix minutes, les eaux de lavage des filtres sont dirigées vers la lagune à un débit de 600 m3/h. Aucune pompe n'est utilisée pour cette opération, l'alimentation de ce système étant facilitée par la topographie du terrain. Par ailleurs, une cage grillagée composée de gros cailloux, appelée gabion, casse la vague provenant de l'usine, afin de protéger les végétaux plantés et d'éviter tout accident lors du lâcher d'eau. Les différentes couches de substrats dont le seuil de coupure oscille entre 6 et 10 micromètres de diamètre, piègent les microparticules de charbon ainsi que les pesticides par filtration. Dans la couche inférieure de la lagune, l'eau est stockée et dirigée vers le poste de relevage de l'installation qui restitue l'eau à un débit de 5 litres par seconde au milieu naturel. Le recours à cette pompe offre la possibilité de maîtriser et de vérifier la qualité de l'eau rejetée dans la rivière Yerres.
Outre la dépollution performante, l'utilisation de végétaux présente plusieurs avantages par rapport à un système de traitement conventionnel. Ce procédé ne requiert qu'un entretien et une maintenance limitée, et la consommation d'énergie est optimale. Une fois par an, à l'automne, les plantes semi-aquatiques sont fauchées et les déchets verts, laissés sur place, serviront d'humus l'année suivante. Et la lagune filtrante ne nécessitera pas de restauration avant une vingtaine d'années.