Les chiffres sont impressionnants : plus de 878 000 kilomètres de réseaux sont utilisés pour desservir les quelque 22 millions d'abonnés français en eau potable (données Ifen 2004) ! D'après la fameuse étude de Jean-Michel Cador « Le renouvellement du patrimoine en canalisations d'eau potable en France », les tubes plastiques sont passés depuis quelques années devant la fonte, l'amiante-ciment et l'acier. L'utilisation du polyéthylène (PE) évolue progressivement depuis dix ans, alors que les matériaux comme le PRV ou le PP restent peu ou pas utilisés pour l'eau potable. Pour les tubes en PRV, seul le fabricant APS France dispose aujourd'hui d'une attestation de conformité sanitaire (ACS), qui est obligatoire pour le transport d'eau potable. Rappelons que l'EAS (European Acceptance Scheme), système équivalant à l'ACS au niveau européen, est toujours au point mort. Depuis leur arrivée sur le marché, les produits plastiques et procédés de fabrication ont été améliorés en termes d'étanchéité, durabilité, et de résistance aux chocs. Les fabricants de PVC mettent en avant l'inertie chimique de leur matériau, sa légèreté et sa souplesse par rapport à la fonte ou l'acier ; les références pour ce matériau remontent déjà à cinquante ans. De leur côté, les fabricants de PE insistent sur la fiabilité des systèmes de raccordement de leurs canalisations - par soudage - qui garantit une bonne étanchéité du système. En outre, ils soulignent la flexibilité du PE qui offre la possibilité de pose en terres meubles, ainsi que l'utilisation pour des travaux sans tranchée. Depuis quelques années, la profession est mobilisée autour des problèmes de fissuration, voire d'éclatement, des branchements en PE, rencontrés notamment en présence de dioxyde de chlore gazeux. Des travaux de recherche sont en cours et le groupe de travail créé au sein de l'Astee vient tout juste de publier une étude, qui a fait l'objet d'une communication lors du dernier congrès de l'association, mi-juin. Intitulée « Cycle de vie du polyéthylène », cette étude cherche à définir les conditions optimales de pose en fonction du contexte local. Elle s'appuie notamment sur les travaux des chercheurs de Suez Environnement qui ont mis au point un banc de vieillissement accéléré permettant de mieux comprendre le vieillissement du PE. Les principaux paramètres ont été étudiés : température de l'eau, désinfectant (nature et concentration), pression de service, nature du PE et conditions de pose. L'objectif final est de proposer un polyéthylène plus performant et résistant, disponible pour tous, et qui pourra être utilisé pour le renouvellement des branchements en plomb. Les résultats de cette étude, dont une présentation a été mise en ligne sur le site Internet de l'Astee, seront développés dans notre prochain numéro (n° 190, août-septembre).