Le 25 mai dernier, la ville de Vallauris-Golfe-Juan inaugurait sa nouvelle station d'épuration, après deux ans de travaux. Baptisée Nobilis, l'installation a su se faire discrète : pas une odeur, pas un bruit ne la trahit. « L'implantation d'une nouvelle station d'épuration n'est pas toujours bien acceptée par les habitants. C'est pourquoi nous avons pris l'engagement de construire la nôtre selon la démarche HQE et de réduire au maximum les nuisances olfactives et sonores liées à son fonctionnement », explique Alain Gumiel, maire de Vallauris-Golfe-Juan. Le badaud ne verra qu'un bloc de 400 m2, recouvert côté mer d'un mortier paysager en béton orné de saignées peintes à la feuille d'or. La station traite les eaux usées de toute la commune ainsi des quartiers de Mougins-le-Haut et Super-Cannes, ce qui représente 64 000 EH en saison touristique. Mais le bâtiment décoré n'est que la partie visible de l'iceberg. À L'ABRI DANS LE BÉTON L'ancienne station de Vallauris, à 700 mètres de là, était à bout de souffle et ne respectait plus la loi sur l'eau de 1991. Pour conserver le réseau de collecte en l'état, il fallait que la nouvelle installation soit implantée non loin de l'ancienne. Le seul emplacement éligible était un petit parc de stationnement sur le front de mer, tout près d'un théâtre en plein air, du port de plaisance et des plages. Tel a été le défi qu'ont relevé Degrémont (ingénierie) et GTM (génie civil), l'exploitation ayant été déléguée à Lyonnaise des eaux. Le résultat est une installation enterrée à 70 %, bien à l'abri dans une structure de béton à 9,2 mètres au-dessous du niveau de la mer, soit à 11 mètres de profondeur. Pour assurer sa stabilité, la boîte géante a été arrimée à l'aide de 84 micropieux. « Le procédé de traitement lui-même (décantation lamellaire et biofiltration) a été choisi pour rendre l'installation très compacte », commente Luc Aribaud, directeur technique du centre régional Côte d'Azur de Lyonnaise des eaux. Après dégrillage (à 6 mm), dessablage et dégraissage, l'eau est décantée et les boues densifiées. Le surnageant est injecté avec de l'air à co-courant dans un lit d'argile expansée (Biolite). Pendant seize heures, les bactéries se développent et décomposent les déchets ; la boue en excès est ensuite évacuée grâce à un brassage à l'air et un lavage à l'eau traitée. À l'intérieur de la station, l'air est pompé par deux ventilateurs à raison de 20 000 m3/h. Il passe par quatre colonnes de désodorisation, dans lesquelles il est successivement douché par différents réactifs. L'acide sulfurique casse les composés azotés, l'eau de Javel les produits soufrés, la soude les chaînes carboxylées, cétones et aldéhydes, et le thiosulfate détruit les dernières molécules odorantes grâce à son action réductrice. Les boues sont même récoltées par des camions fermés via un sas désodorisé. Aucune odeur désagréable ne s'échappe de l'enceinte. Les boues prennent alors le chemin d'un centre de compostage ou d'un centre d'enfouissement technique, suivant les possibilités. Dans deux ans, elles seront envoyées vers le sécheur de la station d'épuration de Grasse, en cours de construction et situé à 20 kilomètres. Elles pourront ensuite être valorisées en tant que combustible - notamment en cimenterie - ou engrais azoté.