Eau de Paris (EDP) a procédé à une première en équipant son usine de Joinville-le-Pont d'un traitement UV. En effet, cette technique de désinfection reste encore peu utilisée en Europe, surtout sur les grandes installations comme celle d'EDP qui peut traiter 300 000 m3/j.
Le traitement UV présente le double avantage d'être efficace contre les parasites - répondant ainsi à la réglementation - et de permettre de réaliser une ozonation moins poussée. En effet, lorsque l'ozonation est trop forte, et que la température augmente, comme en été, les bromures (présents dans l'eau brute) se transforment en bromates. Or, depuis le 25 décembre 2008 (1), la norme concernant les bromates est passée de 25 µg/l à 10 µg/l.
LAMPES MOYENNE PRESSION
Un appel d'offres européen a donc été lancé fin 2007 auquel cinq groupements ont répondu. C'est finalement Degrémont-Ozonia qui a été sélectionné à la mi-2008, avec une solution à base de lampes UV moyenne pression.
Jusque-là, seules les lampes basse pression étaient agréées pour le traitement eau potable. De plus, ces lampes ont un spectre monochromatique (longueur d'onde de 254 nm), alors que les lampes moyenne pression ont un profil polychromatique qui peut entraîner la formation de sous-produits indésirables avec des longueurs d'onde de 160 à 180 nm. Ozonia a donc développé le réacteur Aquaray H2O à lampes moyenne pression. Il est équipé d'un verre spécial avec filtre à quartz qui permet d'obtenir un profil monochromatique.
Il est nettoyé environ trois fois par jour par un disque racleur pour éviter le dépôt de calcaire. Chaque réacteur est équipé de six capteurs (un capteur par lampe) qui mesurent l'intensité UV afin de réguler la puissance du réacteur en fonction du débit, de la qualité d'eau et de l'état de la lampe. Ces capteurs assurent ainsi la dose optimale de 40 mJ/cm2 et réduisent l'énergie consommée.
Après avoir fait agréer son équipement par les autorités sanitaires françaises, Ozonia a pu proposer à EDP une installation à emprise réduite s'intégrant dans le bâtiment et le process existant. Au final, l'installation comporte 14 réacteurs compacts traitant chacun 900 m3/h. Chacun dispose d'une puissance installée de 25 kW et comporte six lampes.
En réussissant à intégrer les réacteurs UV directement à la sortie des filtres à charbon actif en grains existants, il a été possible d'éviter la construction d'un nouveau bâtiment, d'une station de pompage et de la tuyauterie prévus à l'origine du projet et de ramener le coût de l'opération de 10 millions d'euros HT à 2,3 millions d'euros HT pour l'usine de Joinville-le-Pont. Une autre usine d'EDP, située à Orly, sera également équipée de 22 réacteurs.
« Le marché de la moyenne pression pour les grosses unités de production d'eau potable est en train de démarrer en France et devrait bien se développer. Il existe déjà dans d'autres pays européens comme la Grande-Bretagne, l'Allemagne, les Pays-Bas ou la Scandinavie », commente Michel Forgeot, directeur commercial UV de Degrémont Ozonia, l'un des seuls fournisseurs à disposer en France d'un agrément eau potable pour des équipements UV. Ses concurrents ont cependant engagé des démarches.