Nègrepelisse, commune située au nord-est de Montauban (Tarn-et-Garonne), dispose depuis avril dernier de la plus importante station à filtres plantés de roseaux de France. La dernière station remarquable en date est celle de Vezins (Maine-et-Loire), inaugurée en janvier 2008 pour un peu plus de 2 000 EH (lire Hydroplus n° 185, p. 50). Mise en service pour 4 000 EH, Nègrepelisse est prévue pour s'étendre jusqu'à 6 000 EH. Jusqu'alors, cette commune fonctionnait uniquement avec des lagunes. « Nous avons choisi ce nouveau dispositif pour son aspect rustique et la simplicité de son exploitation. Par ailleurs, les boues ne représentent que 6 kg de matières sèches par EH contre trois fois plus pour les boues activées », explique Stéphane Chadirat de la communauté de communes Terrasses et Vallée de l'Aveyron (CCTVA), maître d'ouvrage qui gère en régie la station.
UNE EMPRISE DE 10 HA
L'une des premières innovations de ce projet, mené sous maîtrise d'oeuvre de Ginger Environnement Infrastructures (GEI), est d'avoir conservé les 3,5 ha de lagunage (14 300 m² de lagunes utiles). « Au départ, nous nous sommes posé la question du devenir de ces lagunes, se rappelle André Paulus de GEI, qui a mené un projet similaire sur la même communauté de communes en 2007, mais sur une superficie moindre (Saint-Étienne-de-Tulmont, avec 2 000 EH). L'élimination des lagunes permettait de résoudre facilement la question foncière puisqu'il faut 10 m²/EH en lagunes, contre seulement 2 m²/EH en filtres plantés. Mais le maître d'ouvrage a pu acquérir d'autres terrains à peu de frais et a préféré conserver les lagunes pour pouvoir s'adapter aux éventuelles évolutions réglementaires. » La nouvelle station à filtres plantés s'étend actuellement sur environ 2,5 ha, et 3,5 ha sont prévus pour d'éventuelles extensions. Au total, l'emprise extérieure concerne près de 10 ha. Les 8 000 m² de filtres se divisent en deux étages, le premier de 4 800 m² et le second de 3 200 m².
L'INTÉGRATION DES LAGUNES
La question suivante était de savoir où placer les lagunes. « Nous avons choisi de les intercaler entre les deux filtres, en période estivale uniquement », indique André Paulus. Le fait de conserver ces lagunes offre plusieurs avantages. Le premier est de pouvoir dériver les eaux brutes vers le lagunage en cas de dysfonctionnement de la nouvelle station (panne d'électricité) ou en cas de dépassement du débit d'entrée (fortes pluies). Le deuxième est d'améliorer l'efficacité du traitement pendant l'été, période de sensibilité accrue du ruisseau récepteur. Enfin, ces lagunes permettent de différer l'extension de la station. Le premier retour de ce dispositif expérimental sur la station de Saint-Étienne-de-Tulmont montre un meilleur abattement de l'azote et du phosphore. Mais ces résultats sont à confirmer car les retours d'expérience sur les stations combinant lagunes et filtres plantés sont encore très rares. Cependant, Pascal Molle, ingénieur assainissement au Cemagref, estime qu'il s'agit « d'une bonne manière de réhabiliter les anciennes lagunes ».
Le coût de cette station est d'environ 1,6 million d'euros, soit 10 euros/EH pour le foncier et 400 euros/EH pour la réalisation (canalisations et poste de relevage inclus). Le suivi technique a été effectué par le Satese 82 et la réalisation par Epur Nature. La communauté de communes réfléchit à la possibilité d'aller vers le zéro rejet en complétant la filière par un dispositif d'évapotranspiration, « à condition que le coût ne soit pas trop excessif », précise Stéphane Chadirat.