L'eau prélevée dans des lacs de barrages à trente kilomètres de Limoges est très peu minéralisée. Son pH doit donc être réajusté avant de la distribuer afin qu'elle ne soit, ni agressive pour les canalisations (risques de corrosion), ni incrustante pour éviter des dépôts calcaire qui créent des problèmes dans le réseau. « Nous avons donc mis en place une injection de lait de chaux afin d'atteindre l'équilibre sur les valeurs de TAC et de dureté. L'injection de CO2 permet de dissoudre la chaux et ainsi de maîtriser le pH », précise Olivier Laurent, adjoint au responsable d'exploitation de la station La Bastide de la Ville de Limoges. L'objectif fixé est d'atteindre un pH de 8,2 en sortie d'usine alors que l'eau arrive avec un pH de 6. Les systèmes d'injection et de régulation ont été conçus au sein de la station, les réactifs sont apportés par le fournisseur qui a remporté l'appel d'offres. Pour le CO2, il s'agit de Messer. RÉGULATION PAR DÉBIT Après une préozonation, l'eau prélevée reçoit une première injection de CO2, afin d'ajuster immédiatement le pH à une valeur compatible avec les traitements au sein de la station, puis une injection de lait de chaux en deux points du traitement. Olivier Laurent explique : « La filière CO2 est assez fiable, mais la filière chaux demande beaucoup d'entretien et beaucoup de maintenance, car le lait de chaux est une solution chargée qui provoque des colmatages. » Un nettoyage complet doit donc être effectué tous les 15 jours pour ne pas se laisser surprendre et éviter toute dérive du traitement. Par ailleurs, le lait de chaux est fabriqué sur place et Olivier Laurent souligne l'importance de bien maîtriser la densité du produit, car la régulation se fait par débit et non par concentration : « Chaque bâchée de lait de chaux est vérifiée par un agent, car le contrôle humain est important pour cette étape où l'aspect et la texture du mélange sont les meilleurs indicateurs. » Après la décantation, une deuxième injection de chaux est réalisée en amont des filtres à sable. Il poursuit : « Nous sommes en train d'étudier l'intérêt d'autres points d'injection du lait de chaux car, lorsqu'elle se fait trop près du filtre à sable, on observe un colmatage artificiel plus rapide. » L'injection de CO2 en tête doit tenir compte de cette deuxième injection de chaux et la régulation doit être précise. L'injection de CO2 et de lait de chaux est contrôlée par le débit et c'est donc la mesure de pH qui est le point le plus sensible du système. L'organe de mesure doit être vérifié toutes les semaines, avec un renouvellement anticipé des sondes pour éviter tout problème. « Nous sommes par ailleurs en train de mettre en place un deuxième point de mesure du pH pour faciliter la maintenance », ajoute le responsable. La station est pilotée automatiquement, mais le poste de pilotage est surveillé en permanence pour permettre le passage en manuel en cas de dépassement de certains seuils. La filtration sur sable est suivie d'une ozonation, d'un passage sur charbon actif et, juste avant la chloration, d'une injection de soude pour atteindre le pH d'équilibre final.