Vaste de près de 35 000 km², le bassin Rhin-Meuse couvre environ 6 % du territoire national. Il comprend 3 267 communes réparties entre huit départements et trois régions, pour 4 175 000 habitants, avec un couloir rhénan très peuplé. Il subit de fortes pressions dues aux pollutions industrielles par les micropolluants, à la chenalisation des cours d'eau pour la navigation, aux pollutions des collectivités et à l'hydroélectricité.
Le nouveau plan de gestion vise à atteindre un bon état écologique pour près de 70 % des masses d'eau du bassin en 2015 (contre 25 % actuellement) et 58 % des eaux souterraines (50 % aujourd'hui). L'état chimique des eaux de surface restera à son niveau actuel (30 à 40 % de bon état). Une faible ambition à l'horizon 2015 qui s'explique par la présence dans les eaux de substances polluantes dites « dangereuses prioritaires », souvent d'origine diffuse, impliquant un effort de reconquête qui ne portera ses fruits qu'à long terme.
En parallèle, le Sdage cherche à progressivement retrouver un bon état d'ici à 2027 pour les nappes d'eau souterraines, dont la majeure partie de la nappe d'Alsace d'ici à 2021. Le Comité de bassin s'est également déclaré favorable à la proposition de fixer à 250 mg/l la valeur seuil concernant les chlorures pour caractériser le bon état des eaux souterraines.
PRIORITÉ À L'EAU POTABLE
Pour ce faire, le programme de mesures associé au Sdage prévoit notamment une protection de toutes les aires d'alimentation des captages pour l'eau potable menacés par les pollutions diffuses en 2015. « Nous avons fait des choix de priorités. La première d'entre elles est de reconquérir le bon état pour les captages d'alimentation en eau potable, explique Jean-Luc Salleron, directeur adjoint de la planification de l'agence de l'eau Rhin-Meuse. Il y a en Rhin-Meuse 250 captages dégradés. Notre volonté est d'arriver à une eau brute de qualité en 2015. C'est un objectif très ambitieux. » Le programme doit aussi aboutir à une réduction sensible des volumes d'eau prélevés dans la nappe des grès du Trias inférieur, dans le secteur Vittel-Contrexéville, à hauteur d'un million de mètres cubes par an. Il doit en outre conduire à une diminution progressive des rejets de substances dangereuses, d'au moins 50 % d'ici à 2015 pour les plus toxiques d'entre elles.
Deux passes à poissons seront par ailleurs aménagées sur le Rhin pour permettre de rétablir progressivement la continuité écologique du fleuve d'ici à 2021 et le retour du saumon à l'amont de Strasbourg. Enfin, un plan d'action en deux phases sera mis en place pour résoudre les problèmes posés par la présence de chlorures pour l'alimentation en eau dans la vallée de la Moselle, afin de retrouver à terme une qualité proche de l'état naturel.
DES MESURES JUGÉES INSUFFISANTES
Le programme de mesures ne fait toutefois pas l'unanimité. L'association France Nature Environnement considère que « en prévoyant l'atteinte du bon état écologique pour presque trois quarts des masses d'eau de surface, le Sdage est plutôt ambitieux. Seulement, les dispositions s'attachent surtout à émettre des préconisations ou à faire appliquer la réglementation. Ce qui est largement insuffisant au regard des dégradations constatées, par exemple sur la nappe de la plaine d'Alsace ».
Globalement, le montant total estimé des dépenses à engager pour le bassin s'élève à 1,8 milliard d'euros sur six ans, soit en moyenne 70 euros par an et par habitant. C'est dans le prolongement de l'effort actuel global. « On est dans la fourchette basse de ce qui se fait ailleurs : en Allemagne, ce coût atteint 100 euros par an par habitant », précise Jean-Luc Salleron.