L'usine de production d'eau potable du Syndicat des eaux d'Île-de-France ( Sedif) de Méry-sur-Oise, dans le Val-d'Oise, s'est équipée d'une nouvelle unité de traitement de ses effluents. Cette usine est bien connue en France car elle est la seule à disposer d'un affinage par nanofiltration. Plus précisément, elle est équipée, depuis 1999, de deux filières de traitement fonctionnant en parallèle : une filière membranaire, avec décantation lamellaire, ozonation, filtration bicouche (sable et charbon), microfiltration et nanofiltration, complétées par une chloration et un traitement UV ; une filière classique, caractérisée par une décantation, filtration sur sable, ozonation, filtration sur charbon actif en grain puis chloration.
DÉCANTATION ET DÉSHYDRATATION
Jusque-là, les effluents de l'usine étaient traités dans quatre bassins drainants. Mais, en 2004, le durcissement de réglementation sur les rejets a poussé le Sedif à renforcer son traitement. « Nous avions d'abord imaginé construire deux lits drainants supplémentaires, mais les terrains visés étaient en zone inondable », explique Gérard Chagneau, ingénieur en chef et responsable du secteur production au Sedif. Le choix s'est donc porté sur une unité compacte de décantation et de déshydratation des effluents.
Désormais, en plus des terres de décantation des deux tranches de l'usine, la nouvelle unité recevra les eaux de lavage des filtres bicouches de la tranche membranaire. Au total, cette unité conçue par Stereau (groupe Saur) sera capable de traiter 9 150 m3 d'effluents par jour : 3 650 m3 venant des deux décanteurs et 5 500 m3 des eaux de lavage des filtres.
Le syndicat a opté pour des technologies économes en énergie et en réactifs : les boues sont d'abord épaissies par gravité dans des décanteurs lamellaires, chacun d'eux présentant une surface utile de 175 m2. Elles sont ensuite chaulées puis déshydratées dans deux filtres-presses à débatissage automatique (fournis par Faure Équipements), disposant d'une surface filtrante de 365 m2 chacun. La durée d'une presse et d'un débatissage ne dépasse pas trois heures et l'objectif annoncé est d'obtenir un produit valorisable présentant une siccité comprise entre 30 et 40 %, avec un ajout de chaux de 20 %. Les boues sont alors stockées pendant neuf mois dans l'enceinte de l'usine, avant d'être épandues sur des exploitations voisines. La capacité de stockage est de 5 200 m3 de matière sèche.
Les eaux provenant de l'épaississement sont quant à elles traitées sur des jardins filtrants avant d'être rejetées dans l'Oise, avec un taux de matière en suspension inférieur à 20 microgrammes par litre. Quelque 5 000 mètres carrés de terrain ont ainsi été plantés d'espèces spécifiques, telles que le roseau commun, l'iris des marais ou la laîche pleureuse.
Pour parfaire le côté durable de l'installation, le syndicat a imposé l'intégration d'une démarche HQE lors de l'appel d'offres. Une intégration paysagère a également été réalisée grâce à une toiture végétalisée de près de 2 000 mètres carrés.
Le projet a coûté 17,6 millions d'euros, et les frais d'exploitation ont été évalués à 330 000 euros par an. Tout cela, selon le Sedif, sans incidence sur le prix de vente de l'eau.