Pour maintenir la qualité de l'eau potable de la petite commune haut-rhinoise de Wuenheim, et de ses 380 foyers consommant 42 000 mètres cubes d'eau par an, une installation classique à osmose inverse ou nanofiltration aurait été disproportionnée. « Par ailleurs, nous avions besoin d'une solution sans électricité car les deux réservoirs concernés - le principal de 300 m3 à l'intersection de deux sources et l'annexe au droit d'un camping de 100 places - sont situés en pleine forêt à respectivement 500 mètres et 2 kilomètres des derniers branchements, si bien que leur raccordement au réseau n'était pas économiquement envisageable », souligne Pierre Lotz, responsable production eau chez Caléo. DIFFÉRENCE DE PRESSION Cette société locale d'économie mixte a retenu l'offre de la société Prominent pour deux des filtres les plus petits de sa gamme SK Interfiltre, de 900 et 1 500 mm de diamètre. Également conçue pour les eaux de refroidissement et d'assainissement, cette gamme repose sur le principe de la gravité. Par le jeu de la différence de pression, l'eau brute descend dans un réservoir de dérivation et de purge d'air, pour pénétrer dans un compartiment de filtration contenant du sable (granulométrie jusqu'à 0,5 mm) et un plancher à buses. Un compartiment inférieur collecte le filtrat, tandis que le réservoir supérieur sert de stockage à l'eau de lavage à contre-courant. Ce lavage présente la caractéristique de s'opérer sans pompe. Il se déclenche lorsque l'accumulation d'impuretés atteint une perte de charge suffisante pour que la montée du niveau de l'eau qu'elle provoque atteigne la courbure supérieure du tuyau de lavage. Un effet siphon déclenche alors le processus de lavage. Celui-ci dure une dizaine de minutes dans le cas présent et se déroule en deux temps : un effet venturi commence par aspirer le résidu d'air dans le tuyau, avant le siphonage proprement dit qui inverse le sens de circulation de l'eau. Il s'arrête automatiquement lorsque le niveau dans le compartiment supérieur de stockage passe sous la ligne de désamorçage. L'eau filtrée repart à nouveau vers le château d'eau. Les dernières impuretés terminent leur vie dans un petit ruisseau voisin. « Ce lavage présente un rendement tout à fait satisfaisant de 95 % », souligne Pierre Lotz. L'enjeu concernait moins la bactériologie, peu problématique ici, que la turbidité : celle-ci grimpait à 6 NTU en période de fortes précipitations par le passé. Aujourd'hui encore, le niveau « naturel » en entrée peut se situer à 2 ou 3 NTU selon les sources en service. Or le dispositif mis en place la réduit à 0,1 NTU, en moyenne, en sortie. Dernier motif de satisfaction exprimé par le maître d'ouvrage : la simplicité de maintenance. Elle était souhaitée compte tenu d'un relatif éloignement (10 à 15 minutes de route) par rapport au siège du distributeur. Le fonctionnement de l'ouvrage est supervisé par une télégestion. Caléo n'a pas à se préoccuper de l'usure de pièces mobiles (débitmètres, régulateurs...) puisque celles-ci sont inexistantes, hormis une vanne de régulation sur le secteur de source le plus tumultueux. Aidé par l'agence de l'eau Rhin-Meuse et le conseil général du Haut-Rhin, l'équipement représente un investissement global de 462 000 euros, dont plus de la moitié pour la construction du nouveau réservoir de 300 mètres cubes.