L'efficacité des traitements des eaux contre les micropolluants fait l'objet de nombreuses études par les entreprises du secteur de l'eau. Ainsi, Suez Environnement et le Cemagref ont récemment rendu publics les résultats du programme de recherche Ampères (voir Hydroplus n° 194, p. 40), sur l'élimination des micropolluants par les stations d'épuration. Il en ressort que plus de 50 % des substances définies comme prioritaires par la DCE sont éliminés à plus de 70 % par les stations d'épuration conventionnelles à boues activées. La plupart des micropolluants y sont, soit biodégradés, soit adsorbés par les boues.
Cependant, au cours des traitements biologiques, « la plupart des micropolluants ne sont pas minéralisés mais seulement transformés ; ces traitements produisent donc de nombreux sous-produits », précisait le Dr Hansruedi Siegrist, chercheur dans l'institut suisse Eawag, lors de son intervention au colloque « Vingt ans de recherche sur les perturbateurs endocriniens et les résidus pharmaceutiques » ; cet événement s'est tenu à Berlin le 10 février 2009 à l'initiative de Veolia Environnement et du Centre de compétences sur l'eau de Berlin ( KWB) ; cette dernière structure à but non lucratif a été créée en 2001 par Veolia Eau (50,94 %), le groupe Berlinwasser et la Fondation TSB TechnologieStilftung Berlin (24,53 % chacun). D'après le Dr Siegrist, l'élimination des micropolluants est améliorée lorsque l'âge des boues est augmenté à dix ou quinze jours, lorsque le procédé inclut une cascade de réacteurs ou un réacteur biologique séquentiel, ou encore lorsqu'un procédé tertiaire est ajouté.
OZONE ET CHARBON ACTIF
Les recherches portent aussi sur les traitements à appliquer à l'eau potable. D'une manière générale, les intervenants au colloque de Berlin s'accordaient pour reconnaître que l'eau potable distribuée au robinet contient des résidus pharmaceutiques et des perturbateurs endocriniens, mais à très faible concentration, ce qui n'est à priori pas préoccupant pour la santé humaine.
Veolia Eau a mené en 2008-2009 des études sur l'efficacité des traitements pour éliminer les perturbateurs endocriniens lors de la potabilisation de l'eau. « Les solutions les plus efficaces sont la nanofiltration et l'osmose inverse à basse pression », résume Philippe Bréant, responsable du programme de recherche sur l'eau potable de Veolia Environnement.
Parmi les autres solutions fréquemment étudiées en traitement tertiaire, que ce soit pour l'épuration ou la potabilisation, figurent l'ozonation et la filtration sur charbon actif. Chacune a une certaine efficacité, mais pas sur tous les polluants : par exemple, l'ozone élimine les agents de contraste iodés à hauteur de 10 % et les oestrogènes à 90 %. Le charbon actif, de son côté, « présente l'avantage d'adsorber les polluants, qui disparaissent donc réellement de l'eau, alors que l'ozonation les transforme », souligne Martin Jekel, chercheur à l'Institut de technologie de Berlin.
Mais il ne faut en effet pas que le remède se révèle pire que le mal : il arrive que les métabolites soient plus dangereux que leurs molécules-mères. Or, s'il existe plus de 4 000 principes actifs médicamenteux actuellement référencés en Europe, les métabolites sont infiniment plus nombreux... et encore très mal connus.