Sur la Romanche, au sud-est de Grenoble, six usines hydroélectriques ont été construites au début du XXe siècle. Dès les années 1980, EDF a décidé de les remplacer par une seule. Mais il a fallu attendre 2001 pour qu'une demande de concession soit déposée, août 2008 pour que le projet reçoive l'aval des ministères et... le 8 février dernier pour que les procédures locales soient achevées. Reste à obtenir l'avis favorable du Conseil d'État, la signature des décrets de concession, puis les autorisations de travaux, « qui commenceront donc en 2011 », estime Florent Baud, responsable du projet. Ce chantier de quelque 250 millions d'euros, qui s'achèverait en 2016, est « le plus gros projet hydroélectrique français en phase de réalisation ». D'une puissance de 91,8 MW, au lieu de 82 MW pour les centrales actuelles, il produirait annuellement 560 GWh, soit 155 de plus qu'aujourd'hui.
Autre particularité : l'usine, construite au hameau de Gavet sur la commune de Livet-et-Gavet (Isère), sera enterrée. « Il n'y avait pas de site assez grand et plat, explique Florent Baud. Par ailleurs, pour tirer le meilleur parti des turbines, elles se trouveront 9 m plus bas que le lit de la Romanche. » L'intégration paysagère fait partie des mesures de compensation prévues à hauteur de 12 millions d'euros. La principale est l'installation de dissipateurs d'énergie évitant les variations trop brutales de débit dans le cours d'eau : « Ces vannes, prévues pour la première fois dès la conception, détaille le chef de projet, permettent, en cas d'incident sur les groupes de production ou sur le réseau de RTE, de court-circuiter la centrale tout en envoyant quand même l'eau là où elle devait aller, et non vers l'ancien tronçon, où des personnes pourraient se trouver. »
Par ailleurs, deux dispositifs de montaison-dévalaison ont été conçus pour les poissons avec l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques. Autres mesures : la réutilisation des gravats naturels de bonne qualité et la végétalisation du reste sur deux sites réservés. Enfin, un programme de suivi de la qualité des eaux de surface et souterraines est prévu, Livet-et-Gavet conduisant depuis 2009 des travaux d'adaptation de son réseau d'eau potable. La nappe phréatique de la Romanche, bien que située à quelque 10 km en aval, fera aussi l'objet d'un suivi des matières en suspension, car elle alimente en eau potable une grande partie de l'agglomération grenobloise.
Seul élément visible, le barrage de prise d'eau va nécessiter une dérivation, le temps de sa construction, au lieu-dit Livet - soit pendant trois ou quatre ans. Les six usines actuelles, encore plus en amont, continuer ont à produire... jusqu'à l'heure de la retraite. Elles seront alors démantelées ou, pour certaines, reconverties, comme celle des Vernes, classée Monument historique.