Limiter les rejets polluants des artisans peintres : tel est le but du partenariat conclu mi-mars par la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment ( Capeb) de la région parisienne et l'agence de l'eau Seine-Normandie (AESN).
Pour ce faire, les deux organismes ont mis en place un dispositif financier de soutien à l'acquisition de station de nettoyage écologique des outils du peintre. Il s'adresse aux 10 000 entreprises franciliennes du bâtiment, quelle que soit leur taille et qu'elles soient adhérentes ou non à la Capeb. L'AESN finance l'acquisition de ces stations à hauteur de 50 %.
Certaines stations subventionnées permettent un nettoyage des outils de peinture souillés à tout type de peinture en utilisant des biosolvants dilués dans de l'eau. D'autres, qui n'emploient que de l'eau, ne fonctionnent que pour les peintures acryliques. Dans tous les cas, la quantité d'eau consommée est très réduite et, surtout, les rejets liquides sont réduits à zéro. Cela permet d'éviter le rejet d'effluents pollués dans le réseau d'assainissement - une pratique très courante chez les artisans, surtout depuis l'arrivée sur le marché des peintures à l'eau, faciles à nettoyer au robinet. « Les peintures à l'eau sont polluantes : les pigments restent des toxiques, qu'ils soient en phase aqueuse ou solvantée », rappelle Jean-Pierre Decroix, directeur territorial des rivières Île-de-France à l'AESN. Pour l'agence, cette opération à destination des artisans est une tentative « d'envahir les niches de pollution individuelle. Nous nous attaquons ainsi à la pollution dispersée, la plus difficile ».
Les appareils permettent de nettoyer, selon les cas, des rouleaux, des pinceaux, ou les deux à la fois ; certains modèles traitent rouleau par rouleau, d'autres en nettoient plusieurs en même temps. Ils sont toujours transportables, pour pouvoir être apportés sur le chantier en même temps que le matériel de peinture. Quant aux déchets secs générés par le nettoyage et obtenus après floculation de l'effluent, leur volume est très réduit. Considérés comme des déchets industriels dangereux, ils doivent être traités selon les filières adaptées.
Au-delà de la prise de conscience de la nécessité de protéger l'environnement, la Capeb a ainsi l'ambition de donner aux entreprises les outils techniques et les financements qui leur permettront de « passer à l'acte ». L'action se faisant sur la base du volontariat, pour la première année, les partenaires s'attendent à quelque 300 demandes. Et ils espèrent que cette initiative intéressera rapidement d'autres régions.