Il est apparemment difficile de concilier développement de l'énergie renouvelable et continuité écologique. Le projet de la Serhy, soutenu par le maire de Lescun et qui vise à réaliser une microcentrale hydroélectrique sur le territoire de cette commune du Béarn n'est pas du goût de tout le monde. En tout cas pas celui de la Sepanso (Société pour l'étude, la protection et l'aménagement de la nature dans le Sud-Ouest), qui considère qu'il s'agit là d'une aberration écologique.
« La production de ces centrales au fil de l'eau est dérisoire au regard de leur impact sur l'environnement. Il serait préférable de commencer par optimiser les grosses centrales existantes », s'insurge Michel Rodes président de la section locale de l'association qui assure que le site situé en tête de bassin appartient aux derniers 10 % de rivières libres du massif pyrénéen. Outre les nuisances que vont occasionner les travaux sur une zone d'ours, il redoute essentiellement que le débit réservé ne soit pas suffisant pour préserver le site et son écosystème. Un argument réfuté par Christian Roux, directeur général de la Serhy, dont les équipements, le siège social et le bureau d'études sont tous certifiés Iso 14001. « Toutes les études nécessaires ont été faites. Des experts indépendants, à qui nous avons confié le dossier pour éviter de nous faire accuser d'être juge et partie, ont estimé que le débit de réserve légal de 10 % du module était suffisant pour garantir la continuité écologique de la rivière », affirme-t-il.
Le projet de Lescun prévoit deux prises d'eau sur l'Ansabère et le Lauga, deux torrents dont le débit moyen annuel est globalement estimé à 2 200 l/h. Sa puissance maximale prévue s'élève à 2 500 kilowatts pour une production de 12 millions de kW/h, soit l'équivalent de 1 100 tonnes de pétrole (TEP).