Le Maroc s'est lancé début 2010 dans une ambitieuse politique de l'eau pour répondre aux défis de l'eau à l'horizon 2030 : à cette date, faute d'évolution, se profilait un déficit annuel de 5 000 millions de mètres cubes (Mm3). La stratégie a été organisée en six axes.
Le premier concerne la gestion de la demande et la valorisation de l'eau. Il vise l'économie annuelle de 2 400 Mm3 dans le secteur agricole : promotion de l'irrigation localisée, modernisation des réseaux. Par ailleurs, 120 Mm3 doivent être économisés en maîtrisant les consommations et les fuites sur les réseaux de distribution d'eau potable.
Deuxième axe : gestion et développement de l'offre. Soixante grands barrages seront construits d'ici à 2030 pour mobiliser au total 1 500 Mm3. S'y ajouteront des infrastructures de transfert de l'eau du Nord vers le Sud (800 Mm3), des programmes de dessalement (400 Mm3), réutilisation des eaux usées (300 Mm3), récupération de l'eau de pluie.
Troisième axe : la protection des ressources en eaux souterraines et des milieux naturels. « L'eau souterraine sera désormais considérée comme une ressource stratégique, à conserver pour les périodes les plus critiques », commente Majid Benbiba, directeur général de l'hydraulique auprès du secrétariat d'État chargée de l'eau et de l'environnement.
De nouvelles ambitions ont également été données au programme national d'assainissement : le taux d'accès à l'assainissement doit atteindre 90 % et toutes les stations devront aller jusqu'à un traitement tertiaire. Côté industrie, des normes de rejets sont en train d'être élaborées, qui seront assorties d'une redevance pour pollution.
Le quatrième axe vise la réduction de la vulnérabilité aux risques liés à l'eau et l'adaptation aux changements climatiques. Les deux derniers axes sont consacrés à la poursuite des réformes réglementaires et institutionnelles, et au renforcement des moyens et des compétences.
Au total, l'État marocain prévoit d'investir 7,5 milliards d'euros dans cette stratégie.