La Jordanie est l'un des quatre pays les plus arides de la planète, avec la Tanzanie, le Soudan et l'Éthiopie. Afin d'éviter que la désertification - qui atteint 80 % du pays - ne se développe, plusieurs plans d'urgence ont été lancés. La construction d'un gigantesque aqueduc reliant Disi (ville située au sud du pays) à Amman est notamment programmée, pour un coût avoisinant un milliard de dollars américains. L'eau acheminée sera puisée dans une immense nappe située à 500 mètres de profondeur sous le désert de Disi. Cette réserve d'eau douce s'est constituée goutte à goutte depuis l'ère pléistocène des glaciations, et contient assez d'eau potable pour alimenter Amman pendant une cinquantaine d'années. Actuellement, elle est principalement utilisée pour l'irrigation, parfois pour des cultures très gourmandes en eau comme les agrumes, les bananes et les tomates.
L'aqueduc Disi-Amman pourra être relié à une éventuelle usine de dessalement installée sur la mer Rouge, qui constituerait dans plusieurs décennies une ultime source d'eau potable pour la Jordanie. Pour financer ce projet, la Banque européenne d'investissements (BEI) a accordé en 2009 un prêt de 100 millions de dollars à l'État Jordanien. Cette banque a également contribué à structurer ce projet sous la forme d'un partenariat public privé, le premier de ce type dans le secteur de l'eau en Jordanie, et a demandé que cet ouvrage s'intègre dans une politique nationale de l'eau, qui soit cohérente à long terme. Ce qui passe notamment par des mesures de rééquilibrage, à l'échelle du pays, entre irrigation et eau domestique, ainsi qu'une refonte des tarifs de l'eau. Ces mesures permettront aussi de réguler le pompage excessif des réserves d'eau peu profondes du nord du pays afin de les laisser se reconstituer, préservant ainsi plus longtemps les réserves naturelles du pays. Toutes ces mesures ont été intégrées dans l'ambitieuse politique de l'eau baptisée « Water for Life » que la Jordanie prévoit de mener jusqu'en 2022.
La BEI étudie aussi la possibilité d'accorder un deuxième prêt à la Jordanie pour l'aider à colmater les nombreuses fuites de son réseau de distribution d'eau. Amman est approvisionnée en eau une fois par semaine pendant quelques heures. Le réchauffement climatique et la croissance démographique aggravent encore l'urgence de la situation.