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EAU

Les réseaux en quête de plus d'efficacité

LA RÉDACTION, LE 1er MAI 2010
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D'après l'Organisation mondiale de la santé, un milliard de personnes dans le monde n'a pas un accès minimal à l'eau potable. Et d'après Gérard Payen, conseiller pour l'eau et l'assainissement du secrétaire général des Nations unies, trois milliards n'ont pas accès à un robinet et environ un autre milliard n'a accès à l'eau du robinet que de manière intermittente. C'est souvent le cas dans les pays de la région Mena (Moyen-Orient, Proche-Orient, Afrique du Nord), du moins dans la plupart des villes : un réseau existe, des usines de traitement de l'eau l'alimentent, mais de manière insuffisante. L'alimentation discontinue en eau potable est due, selon l'expert, à trois causes principales : l'autorité en charge de la gestion de l'eau ne mobilise pas assez les ressources existantes ; il y a des fuites très importantes sur les réseaux ; enfin, il arrive que les ressources soient physiquement insuffisantes. Autre cause possible : la consommation d'eau parfois immodérée par les particuliers, surtout dans le Golfe. Parvenir à fournir de l'eau du robinet 24 heures sur 24 - on parle alors de l'H24 - exige donc plusieurs types d'actions. Il faut tout d'abord mobiliser un volume suffisant d'eau à traiter. Ainsi, la priorité accordée par l'État tunisien au développement des ouvrages de production, de traitement et de transport d'eau a permis d'accroître le volume d'eau produit de 90 millions de m³ en 1968 à 454 millions de m³ en 2007. L'alimentation en eau potable 24 heures sur 24 est déjà une réalité pour 100 % de la population urbaine et 92 % de la population rurale du pays. L'Algérie offre un autre exemple intéressant. Après plusieurs crises de l'eau, comme pendant l'été 2002 lorsque la capitale Alger a connu une réelle insuffisance de l'approvisionnement, l'État algérien a lancé un programme ambitieux de mobilisation de la ressource. Il prévoit notamment la construction d'une cinquantaine de barrages et de quelque treize usines de dessalement, et il est déjà bien avancé. « Alger a suffisamment d'eau », peut aujourd'hui affirmer Jean-Marc Jahn, cadre expatrié à Alger par Suez Environnement pour assurer le poste de directeur général de la Seaal, société publique qui assure depuis mars 2006 la gestion des services de l'eau et de l'assainissement sur l'ensemble de la wilaya d'Alger. Pour alimenter la capitale, l'effort a porté d'un côté sur la création par l'État de nouvelles ressources, avec la mise en production du barrage de Taksebt et de l'usine de dessalement du Hamma. Et d'un autre côté sur la modernisation des installations existantes, comme les stations de pompage, prise en charge à la fois par l'État et par la Seaal. Sur cette même problématique, à Riyad, capitale de l'Arabie Saoudite, Veolia Eau a augmenté la production quotidienne d'eau potable des usines locales de 118 000 m3, après avoir remporté le contrat de gestion du service d'eau de la ville pour six ans en avril 2008. Elle a modernisé les anciennes usines, optimisé leurs systèmes électriques qui étaient parfois sous-dimensionnés, et ouvert de nouveaux forages. Un déficit de ressource se faisait aussi sentir à La Mecque, ville sainte de l'Islam située en Arabie Saoudite où la société Saur remplit, depuis début septembre 2009, un contrat d'assistance technique d'une durée d'un an. Une nouvelle usine de dessalement vient d'être mise en route pour faire face à l'afflux annuel de pèlerins, qui fait passer la population de la ville d'un à trois ou quatre millions de personnes pendant deux semaines. Cette usine fournit actuellement 280 000 m3 supplémentaires d'eau par jour. La nouvelle ressource est bienvenue, mais son arrivée implique une réorganisation du schéma de distribution « pour l'envoyer là où il y a le plus de besoins, mais aussi le moins de fuites », précise Thierry Pèpe, qui dirige le projet de Saur sur place. CONSOLIDATION À cet effort de sollicitation de la ressource s'ajoute en effet un travail de consolidation des réseaux. À Alger, « l'essentiel de l'eau vient de l'extérieur de la ville ; il fallait donc prévoir un nouveau schéma d'adduction, de nouvelles stations relais de pompage jusqu'à la cité et enfin amener l'eau au pied des immeubles », décrit Jean-Marc Jahn. Cela a entraîné plusieurs milliers de chantiers sur la zone urbaine depuis 2006. « Ces dernières dizaines d'années, la ville d'Alger s'était beaucoup développée, mais les infrastructures n'avaient pas toujours suivi », poursuit-il. De nombreux nouveaux quartiers étaient donc peu ou pas connectés au réseau. « Souvent, dans les villes en forte croissance, l'extension du réseau se fait de manière désordonnée et il devient difficile de reconnaître le réseau structurant. En raison des interconnexions peu maîtrisées, il est délicat de faire la part des sections d'alimentation et de distribution : on ne sait plus exactement par où passe l'eau. Nous devons donc proposer une nouvelle ossature, avec parfois la pose de nouvelles canalisations d'adduction. Nous avons par exemple réalisé ce travail dans les villes algériennes de Constantine et d'Alger en 2009 », explique Alain Gueguen, directeur international de Sogreah. Au Maroc, où l'H24 est devenue réalité dans toutes les zones urbaines, l'extension des réseaux reste un réel enjeu. C'est surtout le cas dans les villes touristiques frappées par un boom immobilier : Marrakech par exemple, qui croît de 10 % par an. D'après François Coulange, directeur d'Eaux de Marseille Maroc, la plupart des appels d'offres qui passent aujourd'hui dans le secteur de la distribution d'eau dans le pays concernent l'extension ou le renouvellement des réseaux. HALTE AUX FUITES Ce deuxième point, le renouvellement des réseaux pour diminuer les fuites, est en effet une autre priorité dans les pays arides. La problématique n'est pas tout à fait identique là où l'H24 est déjà une réalité, comme dans les villes de Tunisie ou du Maroc et dans certaines villes d'Algérie, et ailleurs. Dans le premier cas, l'objectif est de préserver la ressource. Dans le second, il s'agit tout simplement de rendre possible l'H24. « Aujourd'hui, l'état général des réseaux au Maroc est plutôt bon, avec un rendement moyen qui approche 65 à 70 %. Les grandes villes ont des objectifs d'amélioration du rendement, généralement pour atteindre les 80 % d'ici trois à cinq ans. À Agadir, géré par une régie, et où le rendement atteint déjà 80 %, l'objectif est d'atteindre 82 à 83 % », détaille François Coulange. À Tétouan, où le service de l'eau est géré par Veolia Eau, un rendement de 78 % a été atteint en 2009, contre 58 % en 2002, date de début du contrat de délégation de service public. « L'objectif dans cette ville est d'atteindre 85 % de rendement malgré l'augmentation de la population et l'extension du réseau », précise Patrice Fonlladosa, président-directeur général de Veolia Water Afrique-Moyen Orient-Inde. Les méthodes pour y parvenir sont les mêmes qu'ailleurs dans le monde : prélocalisateurs de fuites, corrélateurs acoustiques et sectorisation. Eaux de Marseille Maroc vient ainsi de remporter un contrat de recherche et de réparation de fuites sur 1 600 km de réseau à Marrakech, dans le cadre duquel trois équipes dotées de prélocalisateurs mobiles et de corrélateurs acoustiques devront travailler à plein-temps pendant un an et demi. La sectorisation se généralise aussi au Maroc : par exemple, en 2006, la direction régionale d'Agadir de l'Office national de l'eau potable (Onep) a installé 73 postes de télégestion reliés à des compteurs situés aux entrées et aux sorties de son réseau, essentiellement rural et étendu sur des milliers de kilomètres. « Auparavant, nous n'avions des renseignements sur les baisses de rendement que tous les trois mois, lors de la facturation. Désormais, les informations sur les volumes distribués sont quotidiennes, et on peut prendre en temps réel la décision de chercher une fuite », raconte Mohamed Ait Bella, cadre de l'Onep qui était alors directeur provincial à Agadir. De son côté, la ville d'Oujda (nord-est du Maroc) a mis en place, il y a près d'un an, une cinquantaine d'appareils LS 42 fournis par Lacroix Sofrel. La sectorisation, plus fine qu'à Agadir car l'environnement est urbain, doit aussi permettre plus de réactivité face aux fuites. Jusque-là, le relevé des compteurs donnait une information mensuelle. À Riyad en Arabie Saoudite, Veolia Eau se concentre d'abord sur la recherche classique de fuites et sur la pose de compteurs. Le rendement était d'environ 50 % lors du début de son contrat. Il est aujourd'hui de 70 %. L'eau distribuée vient en grande majorité des usines de dessalement situées sur la côte est du pays, à quelque 400 kilomètres de la ville. « La production d'eau potable et son transport coûtent très cher, et l'eau est facturée au consommateur à un tarif très bas. La priorité est donc de limiter les fuites, sur un réseau très étendu, 12 500 km de linéaire. Pour cela, nous avons introduit une sectorisation et une politique active de recherche de fuites, notamment grâce au Géoradar », précise Patrice Fonlladosa (voir encadré ci-dessus). Les réseaux sont généralement en PVC dont la qualité est médiocre et ils vieillissent vite, d'autant que les techniques de pose n'ont pas toujours été rigoureuses. « Face à un savoir-faire local limité en matière de pose de canalisations, pour les extensions de réseaux, nous comptons introduire dans le pays notre filiale spécialisée Sade, de manière à pouvoir apporter une réponse de haut niveau technologique », poursuit-il. À Alger, la Seaal et l'État algérien ont développé le plan d'action « les quatre clés du H24 » qui prévoit, outre un travail sur la ressource, sur les transferts et sur la mise à niveau du réseau de distribution, un gros effort de lutte contre les pertes d'eau. Au-delà de l'emploi des technologies classiques de lutte contre les fuites invisibles, la population a aussi été mise à contribution pour les fuites en pleine rue. Un numéro d'appel joignable 24 heures sur 24 permet aux citoyens de signaler toute fuite. Les équipes doivent faire un diagnostic dans les quatre heures ouvrables, puis réparer en moins de trois jours. Par ailleurs, « au fur et à mesure que l'H24 se mettait en place, nous avons sensibilisé la population à une consommation raisonnable de l'eau. Nous avons aussi posé 250 000 nouveaux compteurs et nous aurons rénové l'intégralité du parc de compteurs en cinq ans. Nous sommes parvenus à augmenter le rendement pour atteindre 70 % tout en passant à l'H24, une performance difficile car l'alimentation en continu de réseaux fuyards fait augmenter, proportionnellement, le volume de fuites », détaille Jean-Marc Jahn. QUALITÉ DE L'EAU Outre la quantité d'eau distribuée et la continuité du service, l'une des autres priorités des services d'eau visant l'H24 est de restaurer la qualité de l'eau distribuée. En effet, comme le signale Gérard Payen, « quand les tuyaux d'alimentation en eau potable ne sont pas sous pression 24 heures sur 24, il n'est pas possible de garantir que l'eau sera potable au robinet du consommateur. En effet, lorsque l'alimentation s'interrompt, l'eau du sous-sol risque d'infiltrer les réseaux. C'est d'autant plus dangereux dans les pays où l'assainissement est mal fait : cette eau est contaminée. Dès que l'alimentation reprend, cette pollution se mélange à l'eau traitée ». Instaurer l'H24 est donc une question, non seulement de confort quotidien, mais aussi et surtout de sécurité sanitaire. À Alger, l'un des objectifs du contrat entre l'État et la Seaal est justement de rétablir la qualité bactériologique de l'eau. Un travail de modélisation hydraulique poussé a été mené par la Seaal avec l'aide d'experts de Suez Environnement. Il s'agissait de modéliser l'évolution de la qualité de l'eau entre son point de production et son point de livraison et de positionner, de manière optimale, les points de réinjection de chlore sur le réseau. « Nous avons ainsi atteint la conformité bactériologique avant même d'avoir mis en place le H24 partout », se félicite Jean-Marc Jahn. En Tunisie, l'effort de production et de raccordement au réseau d'eau potable réalisé par la Société nationale d'exploitation et de distribution des eaux (Sonede), combiné à une extension de l'assainissement, a porté ses fruits. « L'Institut national de santé publique a montré qu'en 2001, les maladies infectieuses et parasitaires ne représentent plus que 3,5 % de l'ensemble des causes de décès. Une tendance à la baisse de la fréquence des diarrhées chez les enfants de 15,6 % en 1987 à 3,6 % en 2002 a été constatée. Le dernier cas de choléra déclaré en Tunisie date de 1986 », note un rapport de la Banque mondiale publié en 2009(1). Désormais, l'attention se porte notamment sur l'amélioration de la qualité de l'eau distribuée, non pas tant bactériologique que chimique. En effet, dans les régions littorales, la teneur en sel peut atteindre 2,5 g/l d'eau. La Sonede possède déjà quatre stations de dessalement d'eaux saumâtres et elle envisage d'investir dans de nouvelles stations afin de faire baisser cette teneur au-dessous de 2 g/l. MODÉLISATION Dans le cadre de la modernisation des services d'eau, il est aussi important de doter ces structures de schémas directeurs. Là où ils n'existent pas encore, ils sont souvent en cours d'élaboration, du moins dans les grands centres urbains. Au Maroc, d'après François Coulange, la plupart des grandes villes s'en sont déjà dotées et en sont actuellement à l'étape de l'actualisation de ces schémas directeurs, afin de prendre en considération leur important accroissement démographique. Parmi les deux dernières à le faire, figuraient Fès et Marrakech, pour lesquelles Eaux de Marseille Maroc vient d'achever le travail. À Alger, cet outil de programmation des investissements et d'anticipation sur l'évolution du réseau vient d'être finalisé par la Seaal. Dans la péninsule arabique, en revanche, la réalisation de schémas directeurs reste encore à l'ordre du jour. C'est l'une des tâches à laquelle s'est appliqué Saur dans le cadre de son contrat d'assistance technique à Médine. À Riyad, l'autorité publique vient de lancer un appel d'offres pour effectuer ce même travail. Les priorités pour assurer une alimentation en eau potable de bon niveau ne sont en effet pas les mêmes selon l'état des réseaux, de la ressource et les performances des services. La feuille de route reste cependant semblable partout, comme en témoignent les services ayant réussi à atteindre l'H24. Sa réalisation repose à la fois sur une volonté politique ferme et sur le savoir-faire des équipes techniques.


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