Inventé par l'Institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux et laissé de côté pendant plusieurs années, le procédé de gestion des effluents par oxydation hydrothermale supercritique reprend du service. Créée il y a deux ans, la société Innoveox construira d'ici à quelques mois un prototype utilisant cette technologie pour traiter 100 litres par heure d'effluents industriels dangereux issus de la pétrochimie et de la pharmacie, puis, en 2011, un pilote de 1 000 litres. Le procédé consiste à injecter de l'oxygène liquide (à 300 bar) dans un réacteur sous pression (221 bar) et chauffé à 250 °C. « Sous ces conditions, la matière organique des effluents est dégradée à 99,99 % en une minute », affirme Jean-Christophe Lépine, président d'Innoveox.Sous pression, pas de fumées. « Le CO2 surnageant est récupéré dans des bonbonnes pour d'autres applications », poursuit le dirigeant. Cette combustion peut atteindre 550 °C : « L'excédent de chaleur est récupéré via un échangeur et réintroduit dans le circuit. Mais l'industriel pourra, s'il le souhaite, placer une turbine en sortie d'appareil », projette Jean-Christophe Lépine.
Au fond du réacteur, un godet permet de récupérer la matière minérale précipitée à 97 % ainsi que les métaux. Insecticides, PCB, virus et oxydes d'azotes (NO x) sont également dégradés. Dans ce milieu plus ou moins liquide - masse volumique de 0,5 kg/m3 -, l'élimination des sous-produits se fait aisément avec des traitements physico-chimiques classiques. « L'acide chlorhydrique issu des composés chlorés est traité avec de la soude pour produire du NaCl », illustre François Cansell, directeur général de l'Institut polytechnique de Bordeaux et inventeur du procédé. L'intérieur du réacteur, conçu à partir d'un alliage contenant une grande quantité de nickel et de chrome, résiste à la chaleur et à la corrosion. « Le coût de traitement est faible et les coûts de fabrication encore élevés baisseront progressivement avec l'industrialisation du procédé », espère Jean-Christophe Lépine.