Récompensé par un trophée de l'eau de l'agence Adour-Garonne, Sébastien Simon, technicien rivière environnement du Syndicat intercommunal du bassin versant ( SIBV) du Centre Médoc, en Gironde, a inventé un mécanisme permettant de laisser entrer les poissons dans les marais maritimes, tout en limitant les entrées d'eaux saumâtres et les risques d'inondation. Le système est simple : deux raidisseurs maintiennent une ouverture réglable suivant la quantité d'eau que le milieu accepte. Le dispositif permet de refermer le clapet selon un temps défini. « Nous avons constaté que le plus grand nombre de poissons se déplace une à deux heures après l'inversion du courant », note l'inventeur.
RÉTABLIR LA CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE
Le premier clapet a été installé en janvier dernier. L'association Migrateurs Garonne Dordogne ( Migado) a réalisé un suivi de l'opération avec un état des lieux initial. Un inventaire établi au printemps dernier montre que les civelles sont entrées en grand nombre dans le marais. Rappelons que la continuité écologique est une notion majeure introduite par la directive-cadre sur l'eau (DCE) pour atteindre le bon état des eaux et que les ouvrages de protection contre la marée (portes à flot et clapets) constituent les premiers obstacles à la libre circulation des poissons migrateurs.
« Migado avait déjà fait des essais avec de simples cales sur les portes à flot. Mais le raidisseur a l'avantage de fermer totalement les portes. Cet ouvrage de régulation très pragmatique et peu coûteux permet de concilier les différents usages du marais », déclare Alice Laharanne de la Fédération de pêche et de protection du milieu aquatique de Gironde. À marée haute, il faut en effet éviter que l'eau saumâtre pénètre trop dans le marais, à la fois pour les activités agricoles (élevage, céréales, etc.), mais aussi pour éviter les inondations, des routes notamment.
Le prix des deux ressorts s'élève à 4 000 euros, et il faut compter 6 000 euros pour l'étude. Le dispositif sera installé sur la première porte à flot en janvier prochain. D'autres estuaires disposant du même type d'ouvrage à la mer sont déjà intéressés, notamment en Charente-Maritime.