Engagé et militant jusqu'au bout du verre d'eau, Gabriel Amard est un homme pressé et très demandé en ce moment. À 43 ans, c'est déjà un vieux routard de la politique. Il faut dire que, comme un certain Obélix, il est tombé dedans quand il était petit. Fils d'un père expert-comptable et d'une mère magistrate, qu'il décrit comme « adultes engagés » prônant des « valeurs de partage », il est très tôt membre du mouvement d'éducation populaire des Éclaireurs de France. Il y apprend l'altruisme et la lutte contre les injustices. Des valeurs essentielles qui guident son parcours et ses idées politiques. « Je pense que c'est par les élections que l'on peut faire changer les choses ; je crois en la démocratie représentative », affirme-t-il.
Il quitte très tôt la fac de droit pour se consacrer au Parti socialiste. En 1994, il est assistant parlementaire de Jean-Luc Mélenchon (qu'il suit d'ailleurs en 2008 lorsque ce dernier quitte le PS pour fonder le Parti de gauche). Depuis 1995, il enchaîne les mandats électifs. Maire de sa commune natale Viry-Châtillon (31 000 habitants) dans l'Essonne pendant onze ans (1995-2006) et toujours conseiller municipal, conseiller régional d'Île-de-France de 1998 à 2001, puis conseiller général de 2001 à 2008, il préside depuis 2004 la communauté de communes Les Lacs de l'Essonne (Cale) qui compte près de 58 000 habitants, avec la commune de Grigny.
Dès son premier mandat de maire, il s'intéresse à l'eau, car Viry-Châtillon est adhérente du syndicat des eaux d'Île-de-France (Sedif). « Je découvre le sujet et je suis souvent en opposition au Sedif, notamment sur le prix de l'eau. Dès le départ, je suis favorable à la gestion en régie par conviction politique, et plus je m'informe et plus ma détermination grandit », confie-t-il. Parmi ses mentors sur le sujet, Michel Partage, maire de Varages, d'où sera lancé en 2005 l'appel du même nom « Pour le service public de l'eau potable en France », à l'initiative de l'association France Libertés, présidée par Danielle Mitterrand. Suite à cet appel, l'association EAU (élus, associations, usagers) sera créée en 2007.
Depuis le 1er janvier 2010, les villes de Viry-Châtillon et de Grigny sont sorties du Sedif et ont transféré leur compétence eau à la Cale. Et depuis le 1er janvier 2011, la Cale a mis en service une régie pour l'eau potable : « Je baisse le prix de l'eau de 37 % et je propose la gratuité des 3 litres d'eau par jour nécessaires pour rester en vie, puis un tarif progressif selon la consommation (1,10 euro par mètre cube jusqu'à 120 mètres cubes) et la gratuité de la location du compteur et de l'abonnement. » L'intérêt général, le renouvellement du réseau et l'implication des citoyens sont les idées maîtresses de sa démarche. « Je souhaite être l'élu qui fait la preuve par l'exemple que la technique peut se mettre au service de la volonté politique. L'eau n'est pas une marchandise, car elle est indispensable à la vie, et la vie n'est pas à vendre. Je souhaite arracher l'eau à la financiarisation » défend-il. Il vient d'ailleurs de publier un livre sur ce sujet : L'eau n'a pas de prix, vive la régie publique !