Veolia Eau a installé sur la station d'épuration Aquiris de Bruxelles-Nord, en Belgique, un prototype industriel produisant du bioplastique à partir de boues d'épuration. Elle s'est pour cela appuyée sur le savoir-faire de la société suédoise AnoxKaldnes, rachetée en 2007 et disposant de dix ans d'expérience sur le sujet.
COMMENT ÇA MARCHE ?
« Certaines bactéries utilisées pour dégrader les eaux usées ont pour propriété de manger le carbone et de l'accumuler sous forme de polymères - des polyhydroxyalcanoate (PHA), expliquent Stéphane Deléris, chef du pôle de la filière biologique, et Thomas Wallander, fondateur d'AnoxKaldnes. Pour optimiser leur production, nous fournissons les conditions les plus favorables à leur développement, puis nous récupérons leurs réserves : les cellules sont déshydratées, puis cassées, et le polymère extrait avec un solvant vert. »
Ce plastique biodégradable pourrait être réutilisable dans de nombreuses industries, comme le secteur automobile pour la production de pare-chocs. « Il est possible d'atteindre différents degrés de pureté. Nous sommes en train d'identifier les niveaux de qualité à atteindre en fonction des différents types d'application industrielle », ajoutent les deux chercheurs.
UNE PRODUCTION MODESTE
À l'échelle industrielle, la production de bioplastiques à partir des eaux usées devrait rester modeste : une station d'épuration d'une ville de 100 000 habitants devrait pouvoir fabriquer environ 500 tonnes de biopolymère par an. « Compte tenu de ce volume, notre objectif est de trouver des débouchés chez des entreprises de la bioplasturgie qui puissent intégrer nos composés dans leurs mélanges », souligne Stéphane Deléris.
UNE VITRINE À BRUXELLES
Plusieurs raisons ont amené Veolia Eau à choisir le site de Bruxelles pour implanter ce prototype : « Nous allons gagner du temps car Aquiris possède plusieurs filières, notamment au niveau des boues (digestion anaérobie, oxydation par voie humide) ; ce qui nous permettra de comparer les performances du prototype selon sa localisation sur la chaîne de traitement et les différentes options de process, précise Emmanuel Trouvé, directeur du programme R et D eaux usées chez Veolia Eau. L'idée est bien, dans l'avenir, de donner une autonomie carbone aux stations d'épuration pour leur éviter de l'exporter sous forme de boues. »
De plus, Aquiris possède des procédés très technologiques comme Athos (oxydation par voie humide), ce qui implique une main-d'oeuvre hautement qualifiée, en mesure de mener à bien le projet pilote. Bruxelles est aussi une vitrine intéressante où se rendent régulièrement de nombreuses délégations internationales et où pourront ainsi être présentées plusieurs techniques pour la valorisation matière des boues (biopolymère, revalorisation des sables produits par Athos) ainsi que la production d'électricité à partir de biogaz. Enfin, Veolia Eau s'est chargé de la conception et de la construction de cette usine, et assure son exploitation (depuis mars 2007) dans le cadre d'un contrat de concession de vingt ans.