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Tribune | « La nécessaire solidarité des services publics pour faire face à la raréfaction de l’eau »

PUBLIÉ LE 6 OCTOBRE 2022
FLORENT CASY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SÉNÉO
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Tribune | « La nécessaire solidarité des services publics pour faire face à la raréfaction de l’eau »
Florent Casy, Directeur général de Sénéo. Crédit : Sénéo
Avec la raréfaction de la ressource en eau, chaque service public local de l’eau doit s’interroger, en urgence, sur la manière d’exploiter et distribuer cette eau : choix d’investissement, choix techniques, choix stratégiques et politiques. Florent Casy, Directeur général de Sénéo, revient sur les dispositifs à mettre en place pour offrir aux usagers de l’eau potable en toutes circonstances.

On le sait, les choix et décisions d’aujourd’hui doivent répondre aux problèmes de demain. La gestion et l’exploitation de l’eau n’y échappent pas. En région parisienne par exemple, l’eau de Seine baisserait d’un tiers en été d’ici quelques années selon les projections de l’agence de l’eau. Tous les services publics de l’eau vont devoir trouver des solutions pour faire face à cette situation. Dès à présent, nos technologies d’exploitation doivent être adaptées pour continuer à répondre à nos missions d’intérêt général et de continuité de service public : apporter une eau de qualité, pour tous, exploitée avec sobriété et à un prix juste. Un enjeu de taille !

Une production qui doit être guidée par un principe de sobriété industrielle  

Sur l’approche technique, on le sait, il n’existe pas de « bonne solution », de modèle, déclinable sur chaque territoire, chacun doit faire le choix technologique le plus pertinent selon ses contraintes. Le tiercé gagnant est propre à chaque situation. Traiter une eau peu polluée en montagne avoisine un coût de 0,15 € alors que dans des zones nécessitant une technologie plus complexe, le coût peut monter à 0,45 voire 0,55 € le mètre cube HT. Il s’agit donc d’appliquer le principe de subsidiarité : faire le juste investissement et choisir la juste technologie selon le contexte.
Chez Sénéo, nous avons fait le choix de privilégier une production en circuit court avec une eau adoucie produite à partir de la Seine. Cela a nécessité la mise en place d’une unité d’adoucissement permettant de traiter une eau naturellement calcaire tout en piégeant un grand nombre de micropolluants. Un choix de potabilisation de l’eau qui permet, en tant que service public, d’avoir  une dépense juste et sobre. C’est un modèle parmi tant d’autres…

Pas de modèle d’exploitation donc mais une notion cruciale qui doit guider nos décisions : celle de la sobriété industrielle, c’est à dire un choix technologique non-énergivore et non consommateur de ressources autres que l’eau. Première étape mais qui reste insuffisante pour assurer demain une eau pour tous au juste prix. 

Pertinence des territoires administratifs et relations de bon voisinage

Novembre 2019, le déversement accidentel d’une cuve de nettoyage de betteraves, pollue l’eau du robinet d’un certain nombre d’habitants de Seine-et-Marne. Août 2020, le ruissèlement de l’eau liée à l’extinction d’un incendie dans un centre de valorisation de déchets de la Marne cause la pollution  momentanée de l’eau potable.

Ces deux exemples ont mis en fragilité nos services de l’eau en ralentissant les capacités de production sur un temps donné. Il n’est donc pas anodin de réfléchir à l’entraide entre collectivités. Si à cela s’ajoute, avec la crise climatique, la raréfaction de la ressource, pour continuer de fournir de l’eau à tous les usagers selon les principes qui guident l’action d’un service public (égalité de traitement, équité, juste prix), la solidarité entre les différents services locaux de l’eau devient un impératif.

Plus que des relations de bon voisinage, il est maintenant l’heure d’impulser une dynamique commune pour l’intérêt général. Nous ne pouvons attendre 50 ans, qu’un préfet de région arbitre sur qui pourra bénéficier de l’eau potable, du transport fluvial ou du refroidissement de centrales nucléaires, pour prendre la main sur le sujet et adapter nos décisions. Nous n’avons d’autre choix que de travailler tous ensemble, même si nos intérêts et enjeux diffèrent encore dans l’immédiat. Demain, nous devrons répondre à une problématique commune : préserver au mieux la ressource, son exploitation et le futur prix de l’eau.

La solidarité des zones interconnectées est la réponse pour faire face à la rareté des ressources en eau

Face à cette urgence, nous devons dépasser nos divergences. Les frontières administratives qui existent aujourd’hui, l’eau n’en a que faire. Il faut réussir à trouver le bon truchement pour répondre  aux besoins de tous, et celui-ci existe, il s’agit de la zone interconnectée. Dans la zone interconnectée, des sous zones interconnectées existent avec des usines de production d’eau potable déjà à peu près reliées. Une particularité existe en région parisienne avec l’existence d’unité de production privées qui acheminent l’eau aux différentes collectivités. Le potentiel existe donc, il est possible de faire circuler les eaux, donc demain de s’entraider.

Oui, cela veut dire s’organiser, avec de nécessaires investissements pour optimiser ce système, mais avant tout, il faut des volontés politiques. Posons donc la question clairement : ne peut-il y avoir, sur ces zones interconnectées, la mise en place d’une gouvernance partagée pour garantir une eau pour tous et trouver, ensemble, les solutions aux problèmes de demain ?

Avec des structures intermédiaires, des outils de pilotage, de contrôle et de gestion qui existent, nous avons déjà un terrain favorable pour nous organiser tous ensemble, profitons-en ! Nous pouvons aujourd’hui être à la hauteur des défis et enjeux climatiques en travaillant en coopérative. Faisons en sorte que nos bateaux naviguent en armada. Ouvrons la discussion, un lieu commun, sur tous les territoires où cela est possible, en respectant à la fois les structures propres et leurs outils industriels.
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