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Tribune | Traitement du calcaire et de la corrosion : des alternatives écologiques ont fait leurs preuves

LA RÉDACTION, LE 26 DÉCEMBRE 2025
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Tribune | Traitement du calcaire et de la corrosion : des alternatives écologiques ont fait leurs preuves
Cyrille Gerhardt, directeur général d’Aquabion. Crédits : Olivier_Minaire_Photography_Videography
Le calcaire et la corrosion représentent des enjeux économiques, énergétiques et sanitaires majeurs pour le bâtiment et l’industrie. Dans un contexte de transition écologique et de tension sur la ressource en eau, des solutions de traitement durables et sans produits chimiques se développent en Europe. Cette tribune, Cyrille Gerhardt, directeur général d’Aquabion, propose un éclairage sur ces alternatives et sur les freins à leur adoption en France.

Le développement du calcaire et de la corrosion dans les réseaux et les équipements hydrauliques sont au cœur des enjeux majeurs que représentent la gestion de l’eau et la performance énergétique des bâtiments en France. Leurs impacts économiques, environnementaux et sanitaires sont multiples, à toutes les échelles, de l’habitat à l’industrie lourde. Des solutions écologiques, économiques et durables existent et ont fait leurs preuves depuis plus de 35 ans, comme en Allemagne, dont le modèle devrait nous inspirer. Pourtant, en dépit d’un contexte où les ressources en eau sont de plus en plus fragiles, ces alternatives sont non seulement peu développées sur le territoire, mais peu connues, les solutions chimiques dominant très largement le marché. Il y a aujourd’hui une véritable urgence à combler ce retard et évoluer vers un cadre qui valorise les solutions naturelles.

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Un enjeu majeur pour le bâtiment et l’industrie
Quelles que soient les typologies de bâtiments, du logement individuel aux sites industriels, le calcaire et la corrosion ont diverses conséquences économiques, écologiques et sanitaires.
Dans les bâtiments résidentiels et tertiaires, l’encrassement des circuits d’eau chaude génère une surconsommation énergétique très importante, jusqu’à 30 %. Cette hausse s’accompagne également d’une perte d’efficacité des équipements (chaudières, chauffe-eau, ballons d’eau chaude sanitaire…), et d’une réduction de la durée de vie des appareils électroménagers et sanitaires.

La corrosion peut en outre occasionner des fuites, une perte d’étanchéité, et nécessiter des travaux de plomberie. La qualité de l’eau potable est directement impactée, avec une altération du goût et de la composition, un relargage de métaux, mais aussi un risque élevé de prolifération bactérienne. En effet, le tartre et la corrosion créent des dépôts de biofilm, un terreau favorable au développement de légionelles.
Dans l’industrie, ce sont des risques critiques pour les process – surchauffe, défaillance des systèmes thermiques… – avec des coûts de maintenance élevés liés aux traitements curatifs, et in fine des coûts de production accrus. Dans tous les domaines, l’empreinte carbone est accrue, de même que les risques de pollution et les coûts d’entretien.

Quelles sont les solutions existantes ?
Le traitement, aussi bien curatif que préventif, est donc une priorité pour les professionnels et les particuliers. Différentes solutions existent :
les adoucisseurs à sel, majoritaires en résidentiel (70 % du marché mondial des adoucisseurs résidentiels), mais encombrants, gourmands en consommables, et sources de rejets salins, un inconvénient à la fois écologique et sanitaire ;
les traitements chimiques, massivement utilisés dans l’industrie et les infrastructures publiques, mais nuisibles à l’environnement et coûteux sur le long terme ;
les filtres ponctuels, efficaces localement mais inefficaces sur l’ensemble du réseau ;
les traitements physiques, sans produits chimiques, qui constituent une alternative durable et économique.

Or, en France, on constate qu’environ 5 % des logements individuels sont équipés d’une solution physique tandis que les adoucisseurs à sel représentent plus de 90 % du marché. Dans l’industrie, on observe un besoin croissant de solutions durables mais pour autant peu de sensibilisation aux alternatives. Le secteur des bâtiments collectifs et tertiaires s’ouvre, quant à lui, à des systèmes innovants, compacts et autonomes.

Comment expliquer ce développement encore très faible des alternatives écologiques pour le traitement du calcaire et de la corrosion en France ?
Les freins sont multiples, et le principal d’entre eux est technique. Il y a un réel manque de connaissance des solutions alternatives durables, comme, par exemple, le traitement galvanique, et donc un fort besoin d’information et de sensibilisation.
Les freins sont également culturels, le marché s’avère dominé par des habitudes d’achat bien ancrées, du fait d’une confiance historique dans les produits chimiques et les adoucisseurs à sel. Ils sont aussi économiques car les solutions physiques subissent une perception erronée d’un coût plus élevé à l’achat, qui ne tient pas compte de l’absence totale de maintenance et de consommables.

Notons de plus que les adoucisseurs à sel consomment, bien réglés, en moyenne 50 à 100 litres par régénération, ce qui correspond à environ 4 % de la consommation annuelle d’un foyer, soit l’équivalent de 8 m³/an pour un foyer de 4 personnes. Enfin, les freins sont normatifs. Les certifications actuelles sont centrées sur des technologies anciennes – adoucisseurs à sel, traitements chimiques – excluant de fait les innovations physiques. Il n’existe à ce jour aucune valorisation réglementaire des solutions durables, ce qui semble aller à l’encontre de la transition environnementale encouragée par les pouvoirs publics.

Le cas de l’Allemagne, un modèle précurseur et inspirant
On observe entre l’Allemagne et la France un décalage de plusieurs décennies dans l’adoption de pratiques durables. Forte d’une conscience collective plus prononcée en matière d’écologie, et d’une sensibilisation citoyenne à la protection de l’eau, l’Allemagne a mis en place des normes environnementales strictes et su adopter bien plus tôt des solutions alternatives et innovantes, les technologies sans produits chimiques étant de plus encouragées et soutenues par les pouvoirs publics.

Ainsi, 70 % des nouvelles constructions de bâtiments collectifs et tertiaires ont aujourd’hui recours aux solutions de traitement physique de l’eau. Les acteurs industriels investissent dans ces technologies, guidés par la volonté de réduire drastiquement les coûts de maintenance. De nombreux sites industriels, mais aussi hôtels, hôpitaux et logements sont aujourd’hui équipés de solutions écologiques innovantes. On dénombre par exemple plus de 3 000 hôtels, hôpitaux et bâtiments collectifs dotés de la solution de traitement galvanique Aquabion en Allemagne.
Face aux défis écologiques, sanitaires et économiques liés au calcaire et à la corrosion, les professionnels doivent impérativement repenser leurs choix technologiques. La chimie n’est pas une solution souhaitable, elle entretient le problème et il est nécessaire de traiter l’eau de façon plus respectueuse. Le futur du traitement de l’eau est sans sel, sans produits chimiques, et sans entretien. Nous devons nous engager tous ensemble pour adopter un modèle plus responsable !


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