Les projets de bâtiments très peu gourmands en énergie se multiplient, mais la plupart ne sortiront de terre qu'en 2008 ou 2009. Deux maisons individuelles cependant sont visitables dès cette fin d'année : un pavillon savoyard titulaire du premier label suisse Minergie hexagonal et la « Bonne Maison » Phénix, récompensée par le premier label BBC-Effinergie, le plus performant de l'actuelle réglementation thermique (RT 2005). Cette initiative de Geoxia mérite l'attention à plus d'un titre. D'abord, la Bonne Maison est destinée à une production en série, ensuite la certification NF maison individuelle-démarche HQE à laquelle est adossé le label obtenu témoigne d'une approche globale, et enfin Geoxia participe en parallèle à un programme de réhabilitation énergétique (lire encadré). « Nous voulions montrer qu'une telle construction pouvait être financièrement accessible », déclarait Roland Germain, président de Geoxia, lors de l'inauguration de la maison commandée par Yann Arthus-Bertrand pour les besoins de son émission télévisée. C'est l'architecte Emmanuel Coste qui a dessiné ce pavillon témoin de Boutigny-Prouais (28), construit selon les principes des Maisons Phénix (structure mixte béton de bois/acier, préfabrication...). La Bonne Maison consomme un peu plus de 64 kWh/m²/an d'énergie primaire, soit quatre fois moins qu'une maison conforme à la RT 2005. Une performance rendue possible en travaillant à la fois sur la conception, l'isolation et le chauffage.
Conception, isolation et chauffage
Ainsi, la conception bioclimatique permet aux 26 m² de surfaces vitrées du pavillon orienté plein sud de faire entrer un maximum de lumière et de calories. L'été, un débord de toit joue le rôle de brise-soleil. Ensuite, l'isolation renforcée et continue du plancher, des murs et des rampants, est notamment obtenue grâce à une membrane d'étanchéité. La suppression des ponts thermiques et des fenêtres triples vitrages à double lame d'argon limitent les déperditions. Le bâtiment ne consomme ainsi que 12 kWh/m²/an pour son chauffage. « Une ventilation mécanique contrôlée double flux thermodynamique, assistée d'une pompe à chaleur qui chauffe l'air provenant d'un puits canadien, suffit la plupart du temps à chauffer ce "thermos". Par grands froids (moins de 5 °C), l'occupant peut activer de petites résistances céramiques tapies dans les bouches de soufflage ou utiliser un poêle à bois adossé à un mur à inertie », détaille Hervé Brault, responsable recherche et développement. Ce mur en brique stocke et restitue les calories traversant les baies vitrées qui lui font face et, creux et étanche, conduit l'air réchauffé par le poêle à bois vers la cuisine attenante. Ajoutons un chauffe-eau solaire qui apporte 62 % de l'eau chaude sanitaire. Mais, « il ne faut pas se contenter de mettre le paquet sur l'énergie », rappelle Bertrand Delcambre, directeur du CSTB. La Bonne Maison consomme aussi 38 % d'eau de moins qu'un pavillon classique grâce à des mitigeurs à limiteurs de débit, des mousseurs haute performance et une citerne de récupération d'eau de pluie enterrée. Remarquons enfin la présence ingénieuse d'un puits de lumière (spot solaire) dans les toilettes et de filtres qui assainissent l'air ambiant. La Bonne Maison apparaîtra en mars au catalogue du constructeur au prix de 1 250 euros le mètre carré, hors foncier