Alors que l’Europe cherche désespérément à réduire sa dépendance aux énergies fossiles importées, la France dispose déjà, sur son territoire, d’un gisement infini, stable et silencieux : la chaleur du sous-sol. La géothermie de surface, capable d’assurer chauffage, rafraîchissement et eau chaude sans émissions fossiles, reste le grand angle mort de la transition énergétique alors même qu’elle permettrait de remplacer une dépendance géopolitique par une autonomie locale.
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La France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Mais comment y parvenir si l’on continue d’ignorer la moitié du problème ? La chaleur représente près de 50 % de notre consommation énergétique finale, loin devant le transport et les usages industriels. Tant que nous continuerons à brûler du gaz pour chauffer nos bâtiments, la décarbonation restera une promesse lointaine.
Sous nos pieds, une source d’énergie décarbonée, naturelle, continue et renouvelable reste largement sous-exploitée : la géothermie de surface. Disponible partout, constante toute l’année, silencieuse et propre, elle puise son énergie dans le sol à moins de 200 mètres de profondeur et offre une réponse technique et écologique immédiate. Elle ne dépend d’aucun vent, d’aucun soleil – juste de la physique élémentaire : la Terre chauffe.
Elle permet d’assurer le chauffage, mais également le rafraîchissement et l’eau chaude sanitaire sans recours aux énergies fossiles et avec une empreinte carbone minimale.
La géothermie de surface, une arme écologique
Couplée à une pompe à chaleur géothermique (PAC) ou thermofrigopompe, la géothermie de surface permet de couvrir jusqu’à 100 % (ou 80 % dans le cas d’un mix énergétique) des besoins énergétiques d’un bâtiment à partir d’une ressource locale et gratuite, divisant par 4 à 6 les émissions de carbone par rapport au gaz ou au fioul.
Avec des rendements annuels souvent supérieurs à 4, les PAC géothermiques sont plus sobres électriquement et sollicitent moins le réseau électrique que les PAC air/eau, surtout en période de grand froid. Mieux encore, grâce aux sondes verticales et au rafraîchissement passif, le sol devient une batterie thermique naturelle : en été, on rafraîchit les bâtiments sans compresseur, donc sans explosion des consommations, on restitue la chaleur captée à la Terre - chaleur qui servira en hiver. Une boucle vertueuse, silencieuse et efficace.
Enfin, invisible, silencieuse et non intermittente, la géothermie s’adapte parfaitement à tous les territoires : zones urbaines denses, projets périurbains ou ruraux.
Un cadre enfin prêt, mais une ambition politique trop timide
La France a désormais tous les leviers : un cadre réglementaire clair – le régime de Géothermie de Minime Importance (GMI) a simplifié l’accès à la géothermie de surface, la meilleure cartographie du sous-sol au monde, des aides publiques attractives – MaPrimeRénov’ pour les particuliers et copropriétés, le Fonds Chaleur ADEME, les régions ainsi que les CEE pour les projets collectifs, tertiaires et industriels, des industriels et des installateurs français capables de fournir les solutions.
Il ne manque plus qu’une chose : l’ambition politique et collective de changer d’échelle.
Passer d’une solution technique à une infrastructure énergétique
La géothermie de surface ne doit plus être pensée comme une simple solution CVC (Chauffage, Ventilation, Climatisation), mais comme une véritable infrastructure énergétique, au même titre que les réseaux électriques ou gaziers.