Dans les supermarchés, les vitrines frigorifiques sont équipées, pour éviter la formation de buée et rendre visibles les produits, d'un système soufflant de l'air... chaud sur la paroi intérieure de la vitre. Non seulement cela nécessite beaucoup d'énergie pour être efficace (du fait de la température de l'armoire, environ - 20 °C), mais cela oblige en plus le compresseur à fonctionner de manière intensive pour compenser cet apport d'air chaud.
Ce cercle vicieux pourrait être rompu grâce à un film transparent baptisé Lexan Freezer que propose le hollandais Sabic Innovative Plastics, un producteur de polymères spéciaux. Ce film adhésif en polycarbonate se pose sur la face intérieure de l'armoire et évite la formation de la buée. Les supermarchés Deen, aux Pays-Bas, ont testé ce nouveau produit sur cinq portes de congélateurs. Les observations ont confirmé l'absence de buée et ont permis d'estimer les économies d'énergie à environ 130 watts par porte. Appliquée dans ses 56 magasins, la réduction des émissions de CO2 atteindrait 400 tonnes par an. À titre de rappel, la France compte environ 12 000 sites de grande distribution.
Autre piste, encore au stade des études, pour réduire la consommation énergétique des appareils frigorifiques, travailler sur la conception des échangeurs thermiques, sur le principe de la pompe à chaleur. Une équipe de chercheurs du Cemagref s'est intéressée au condenseur, c'est-à-dire la partie située à l'extérieur du réfrigérateur et servant à évacuer la chaleur. C'est là, en effet, que le fluide frigorigène est refroidi, au contact de l'échangeur avec l'air ambiant. Il se condense alors en libérant de la chaleur. Plutôt que modifier la forme de l'échangeur pour augmenter la surface d'échange, l'équipe, basée à Antony (92), a imaginé refroidir l'air ambiant par un système de brumisation d'eau : en s'évaporant, les très fines gouttelettes absorbent de l'énergie et rafraîchissent l'air. Plus frais, celui-ci facilite le fonctionnement du condenseur en intensifiant les échanges thermiques côté air. « On abaisse ainsi la température de condensation du fluide frigorigène », explique Mohammed Youbi-Idrissi, chercheur au Cemagref. Ce qui a pour conséquence d'abaisser son taux de compression. Le compresseur est moins sollicité et consomme donc moins d'électricité, pour un refroidissement aussi efficace.
Un premier modèle mathématique a permis d'estimer les économies potentielles à environ 20 %. Appliqué dès la conception, ce système permet aussi de diminuer la charge en fluide, la compression étant moins forte. La construction d'un pilote s'achève actuellement. Les chercheurs doivent notamment étudier la distribution en taille et en nombre des gouttelettes pour obtenir le meilleur effet, sans ruissellement et avec le moins d'eau possible. À terme, la brumisation devrait pouvoir s'appliquer à des équipements frigorifiques à partir de 10 kWh, c'est-à-dire une chambre froide de taille moyenne ou des installations de climatisation dont les condenseurs sont extérieurs.