Votre revue a publié, à plusieurs reprises, des articles sur les agrocarburants (...). Mais à aucun moment, vous ne parlez de projets de transformation de graisses animales en biogazole (ce que je préfère appeler zoocarburants ou nécrocarburants). Certes, il est très difficile de trouver des informations dans la littérature sur ce sujet et l'Ademe elle-même n'a fait aucune étude relative aux gaz à effet de serre ou au bilan carbone de ce type de transformation, mais il est important d'informer aussi sur de tels projets, surtout lorsqu'ils sont présentés comme plus vertueux que les projets dits de première génération, dont les aspects négatifs commencent à être bien connus.
C'est ainsi que l'utilisation de graisses animales a été mise en avant pour un projet d'usine de biogazole qui vient de passer en enquête publique au Havre, projet dont l'intérêt écologique nous paraît très sujet à caution (...). Il s'agissait initialement de faire une usine de graisses animales de 50 000 t/an, car EcoMotion [porteur du projet et filiale de la société d'équarrissage Saria, NDLR] bénéficiait d'une exonération fiscale de presque 40 000 tonnes. Puis est venue se greffer la transformation d'huiles alimentaires usagées, collectées dans toute la France à hauteur de 25 000 tonnes. Enfin, la capacité prévue a encore été doublée pour permettre d'y transformer 75 000 tonnes d'huiles végétales d'origines variées. Dans l'enquête publique, il est écrit Ukraine, Roumanie, Russie, Kazakhstan, Mali, Côte d'Ivoire. L'autorisation d'occupation temporaire délivrée par le Port autonome du Havre fait référence à des huiles de palme dont on peut penser qu'elles viendraient... de Malaisie.