Avec seulement 0,4 % des ampoules vendues en France en 2008, les systèmes à base de Leds restent très minoritaires dans l'éclairage. Pourtant, ces semi-conducteurs réservés il y a encore quelques années aux voyants de nos appareils électroniques vont pénétrer résolument ce marché. Une réalité depuis la mise au point de Leds blanches à haute luminosité, puissantes, acceptant des courants de 70 à 150 mA. Leur rendement lumineux, qui atteint aujourd'hui les 100 lumens par watt (lm/W), est comparable à celui des lampes fluocompactes basse consommation. Une efficacité qui va encore progresser : des fabricants d'éclairage comme Ledon Lighting visent 200 à 220 lm/W dans les années à venir.
Autre atout de ces « chips » compacts et robustes, elles affichent des durées de vie de 50 000 ou 60 000 heures, voire 100 000 heures pour les plus solides. Bien loin des 1 000 à 1 200 heures des ampoules incandescentes, et même des 6 000 à 15 000 heures des fluocompactes. Alimentés en basse tension, ces composants sont contrôlés électroniquement, ce qui permet de concevoir des éclairages dynamiques, un facteur d'économies d'énergie supplémentaire : la luminosité est ajustée en fonction des besoins (présence d'utilisateurs, lumière naturelle), mais aussi de l'ambiance recherchée (température de couleur, ou même la couleur).
Si le marché du grand public tarde à s'amorcer - Philips et Toshiba prévoient de lancer leur gamme cette année -, celui du professionnel se dessine. Un secteur « en mesure de raisonner en termes de retours sur investissement », explique Joël Rispal, de Philips Lumileds. Et pour cause : les économies d'énergie, mais surtout de maintenance, en raison de la durée de vie, peuvent justifier auprès des utilisateurs des prix d'achat dix fois supérieurs à celui d'une lampe incandescente. Autre adéquation avec les besoins professionnels, la directivité du flux lumineux. « Les Leds remplacent les spots halogènes, très employés dans les commerces et les hôtels », souligne Hervé Lefebvre, spécialiste de l'efficacité énergétique à l'Ademe. « Un encastré équipé d'une Led de 3 W équivaut à une lampe halogène de 20 W », détaille un communiqué de Philips. Un avantage valable aussi dans les bureaux : l'industriel a équipé intégralement avec des Leds le siège de Generali Champs-Élysées, à Paris : 44 W de consommation moyenne pour les 422 luminaires encastrés de 12 ou 16 Leds. Dans les couloirs, les spots de 3 Leds ne consomment que 12 W, au lieu de 55 pour les encastrés à halogène TBT (très basse tension) prévus initialement.
Si cette réalisation est une première, les illuminations de façades en Leds sont déjà une réalité, car à base de diodes de couleurs disponibles depuis quelques années (contrairement aux blanches) et programmables (succession de différentes couleurs). Certains fabricants comme Thorn Europhane proposent des rampes d'éclairage qui « lèchent » les bâtiments pour en révéler la modénature.
En revanche, les luminaires destinés à l'éclairage public sont encore rares : quelques références existent chez des spécialistes comme Thorn ou Philips, et de nouveaux entrants tels Windela ou Nova Énergies, basée à Angers. Plusieurs modèles autonomes en énergie (éolien et/ou photovoltaïque) sont proposés : le Windelux de Windela, le Smart Avenue Deco de Novea Énergies, qui ne s'allume qu'en présence de passants grâce à des capteurs de présence. Terminons sur un prototype présenté par Philips en novembre : le Light Blossom, lampadaire en forme de fleur dont les pétales, déployés la journée pour exposer des cellules solaires, tournoient aussi avec le vent. La nuit, la fleur se referme et la tige, ou plutôt le mat, moucheté de points lumineux s'éclaire... au rythme des allées et venues.