Une production d'énergie « prévisible, élevée et sans nuisances visuelles ni sonores ». Quand James Ives, P-DG d'Open Hydro, vante les mérites de l'énergie des marées, il omet de signaler que leur régime est variable. La puissance moyenne annualisée est de l'ordre de 40 % de la capacité des équipements. Mais le potentiel de production électrique des turbines monumentales - 16 m de diamètre - posées sur les fonds marins, que développe son entreprise basée à Dublin, est suffisamment conséquent pour avoir suscité l'intérêt d'EDF. L'électricien français avait sélectionné ce fabricant irlandais en octobre 2008 pour ce projet pilote en Bretagne (voir EM n° 1673). À présent, il participe à l'optimisation, avec Converteam pour la conversion de puissance, des équipements qui doivent, à partir de 2011, commencer à alimenter en électricité 4 000 habitations à Paimpol et dans l'île de Bréhat (22).
Ce projet, d'un coût total de 29 M#euro;, est financé à hauteur de 22 M#euro; par EDF (le coût des équipements), le reste étant apporté par la Région Bretagne et l'Ademe. « Quatre hydroliennes, délivrant une puissance maximale de 750 kWh sous des courants marins de 2,9 m/s, devraient fournir un peu moins de 4 GWh par an », détaille Laurent Terme, ingénieur à la direction production ingénierie, au centre d'ingénierie hydraulique d'EDF, qui suit le projet. Open Hydro met en avant la simplicité et la robustesse de l'équipement. Muni d'une seule pièce en mouvement, il est dépourvu de boîte de vitesses et ne nécessite aucun lubrifiant, afin de minimiser la maintenance. Le rotor, qui évoque celui d'un réacteur d'avion, est équipé d'une sorte d'entonnoir qui concentre et accélère le flux en son centre, évidé pour laisser « un passage à la faune marine » comme l'indique Open Hydro. Une disposition qui a dû intervenir dans le choix des équipements, destinés à être implantés dans une réserve de pêche.
« Il ne s'agit pas d'une simple relation entre un client et son fournisseur, mais d'un partenariat », reprend Laurent Terme évoquant des évolutions menées de concert sur les aspects hydrauliques, électriques (rotor et stator) et mécaniques. Ce démonstrateur doit en effet servir au déploiement d'autres fermes, de plus grande puissance. Reste que pour se développer, l'énergie hydrolienne devra se voir offrir un cadre réglementaire clair, de nature à permettre son essor en intéressant des investisseurs. La situation pourrait évoluer avec l'appel à projets sur les énergies marines que Jean-Louis Borloo doit lancer cette année, une décision issue du Grenelle de la mer en juillet. Trois sites d'implantation d'hydroliennes en bénéficieront. Le projet d'EDF à Paimpol ainsi que celui de Sabella (lire encadré) pourraient en faire partie.