Fin juillet, un cheval meurt après s'être enlisé dans une zone envahie d'algues vertes près de la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d'Armor (22). Son cavalier est sauvé de justesse après avoir perdu connaissance. Suspecté : le dégagement de sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz toxique par inhalation, que peuvent générer les accumulations d'algues vertes en décomposition.
À la demande de Chantal Jouanno, secrétaire d'État à l'Écologie, l'Ineris réalise des mesures sur le lieu même de l'accident, qui révèlent des concentrations en H2S allant de quelques parties par million (ppm) à 1 000 ppm selon les endroits. Le rapport avertit qu'à cette concentration, l'inhalation de ce gaz peut être mortelle en quelques minutes. À titre de comparaison, les valeurs limites réglementaires d'exposition professionnelle sont de 5 ppm en moyenne sur huit heures et de 10 ppm sur période courte.
Le rapport pointe donc « la nécessité d'équiper de systèmes de détection portables le personnel chargé du ramassage des algues vertes sur les plages ». « Dans la majorité des cas, la cabine des engins agricoles utilisés pour le ramassage est pressurisée, ce qui évite les entrées d'atmosphère extérieure, explique Jean-François Sassi, responsable du laboratoire du Centre d'étude et de valorisation des algues ( Ceva). Concernant la détection du sulfure d'hydrogène, les recommandations sont d'équiper les travailleurs d'appareils de port permanent qui déclenchent une alarme à la valeur limite d'exposition de 10 ppm. Certains opérateurs de ramassage sont déjà équipés, d'autres pas. » Prévus pour travailler en zones explosives (Atex), ces détecteurs portables sont mono ou multigaz. Robustes, compacts et simples d'utilisation, ils sont équipés d'alarmes sonores d'une puissance de l'ordre de 95 dB à 10 cm, vibrantes et visuelles avec voyants rouges à haute intensité lumineuse. Leur seuil d'alarme est de 10 à 15 ppm avec une gamme de mesure de 0 à 100 ppm de H2S. Ils sont capables de surveiller les valeurs limites d'exposition (VLE) et les valeurs moyennes d'exposition (VME). Un écran LCD affiche la concentration de gaz à laquelle le porteur est exposé. La mesure se fait grâce à une cellule électrochimique. « Cette technologie est approuvée depuis plusieurs années. C'est la plus fiable », précise Didier Collin, de la société GazDetect. Événements, concentrations de gaz et historique d'étalonnage sont enregistrés sur une carte mémoire et un logiciel permet d'éditer des rapports.
Une maintenance réglementaire en termes d'étalonnage est nécessaire tous les ans ou tous les six mois selon le fournisseur. Leur durée de vie est de vingt-quatre à trente-six mois. Par ailleurs, « les fabricants s'orientent actuellement vers la détection de quatre gaz : inflammables, oxygène, sulfure d'hydrogène et monoxyde de carbone », souligne Christophe Voyez, gérant de Safetech environnement.
La mesure du H2S étant très répandue en milieu industriel - notamment dans le secteur de l'assainissement -, l'offre en appareils portables est conséquente. Quant à la demande, elle pourrait être dopée par la récente mission interministérielle sur les algues vertes, qui doit rendre prochainement un plan d'action proposant des solutions efficaces de ramassage et de protection des personnes.