« La centrale ayant fourni de l'électricité se trouva fort dépourvue lorsque les hauts prix du gaz furent venus. ». Telle pourrait être la fable de La Fontaine réécrite pour la cogénération. Jusqu'en 2005, tout allait bien : le prix du gaz était très bas, et les installations se multipliaient. Mais la brusque flambée de son prix, en lien avec celui du pétrole, a déstabilisé la filière, car les tarifs d'achat de l'électricité de cogénération par EDF n'ont pas évolué.
Une situation qui ne concerne pas la cogénération à base de biomasse, dont le tarif d'achat est différent et défini au cas par cas, mais dont les investissements sont plus lourds. Enfin, l'avènement de la taxe carbone, prévue cette année, va renchérir le coût des énergies fossiles. « Il n'est plus intéressant de construire une centrale à cogénération neuve au gaz », observe Bernard Schneider, directeur du pôle centrales de production chez Cofely. Un constat partagé par son concurrent : « Les installations existantes restent rentables, à condition de travailler sur l'efficacité énergétique, estime Jean-Claude Boncorps, directeur des affaires publiques de Dalkia. En revanche, il n'existe pas de visibilité économique pour de nouvelles installations : l'activité des industriels est trop incertaine et le tarif d'achat trop bas. » Résultat : alors que les nouvelles installations totalisaient 500 à 1 000 mégawatts électriques chaque année dans les années 1990, elles ne représentent plus que 10 à 30 MWe aujourd'hui. Les clients se trouvent plutôt du côté des collectivités locales, qui ont besoin de chaleur quelle que soit l'activité économique, alors que la demande des industriels est plus variable.
Les nouvelles installations de cogénération doivent répondre, depuis 2001, à des critères plus contraignants qu'auparavant pour avoir le droit de revendre leur électricité. « Le rendement total doit dépasser 65 %, rappelle Stéphane Grabos, responsable du développement technique chez Comax. Mais notre marge provient en fait des performances au-dessus de ces 65 %. Nous essayons de nous rapprocher de 80 à 85 %. »
Les industriels de l'énergie préfèrent donc investir pour rénover les installations existantes. L'arrêté du 14 décembre 2006 relatif à la rénovation des installations de cogénération d'électricité et de chaleur les y aide, puisqu'elle assimile à des installations neuves des installations fortement rénovées (investissement supérieur à 350 euros au kilowatt) : elles bénéficient donc d'un nouveau contrat d'achat d'électricité de douze ans.