La rénovation thermique de bâtiments est un des chantiers majeurs du Grenelle de l'environnement. La demande de spécialistes de cette approche devrait donc fortement croître dans les prochaines années. Qu'il s'appelle rénovateur thermique, conseiller en rénovation thermique ou thermorénovateur, c'est avant tout un très bon connaisseur des métiers du bâtiment. Son rôle est de faire un diagnostic thermique sur le logement, puis de conseiller le propriétaire sur les travaux à réaliser en priorité, selon ses possibilités financières. Certains thermorénovateurs supervisent les travaux, voire les font eux-mêmes. Parfois, ils s'engagent sur les performances thermiques du bâtiment rénové. Pour la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment ( Capeb), les artisans sont bien sûr les premiers concernés par ce métier.
Elle a d'ailleurs lancé la marque Éco-artisans, attribuée par un organisme indépendant aux professionnels présentant des compétences particulières en matière de rénovation thermique. « Ce n'est pas vraiment un nouveau métier, il faut juste acquérir des compétences supplémentaires, indique la Capeb. L'éco-artisan donne un conseil global, mais ne fait les travaux que dans son propre corps de métier et oriente le client vers d'autres artisans. De toute façon, même si ce n'est pas un artisan qui fait le diagnostic, c'est lui qui réalisera les travaux en sous-traitance des sociétés commerciales. »
Une analyse que conteste Denis Fougerat, administrateur de Thermorénov, une association de constructeurs de maisons individuelles, créée il y a deux ans pour promouvoir la rénovation thermique : « Peu d'entreprises sont capables de rénover thermiquement une maison de façon globale : un artisan verra en priorité les travaux à faire dans son propre corps de métier, observe-t-il. Un chauffagiste cherche avant tout à vendre une chaudière, même si la priorité est de mieux isoler. Nous sommes plus objectifs, car nous connaissons l'ensemble des métiers du bâtiment. Nous travaillons tous les jours sur la performance thermique de nos constructions. Nous connaissons à la fois les isolants et les méthodes de pose. Nous sommes donc aussi capables de rénover dans l'ancien. » Après le diagnostic, certains adhérents de Thermorénov sous-traitent les travaux, d'autres les réalisent eux-mêmes. Et tous s'engagent sur les performances.
Les rénovateurs thermiques ne s'intéressent pas uniquement aux maisons individuelles. Urbanis, un cabinet de conseil auprès de l'agglomération de Pau, réalise des diagnostics pour des logements individuels ou collectifs. « Nous offrons une aide à la décision. Notre regard est désintéressé puisque nous ne vendons rien, nos prestations étant généralement financées par les collectivités locales, indique Mélanie Lézin, chef de projet chez Urbanis. Dans nos préconisations de travaux, nous gardons un regard lucide sur les possibilités financières des propriétaires : nous proposons le meilleur compromis coût-résultat. Nous indiquons quelle étiquette énergie sera atteinte avec tels ou tels travaux. Nous donnons également notre avis sur les devis proposés par les entreprises selon nos conseils. » Là encore, les intervenants ont plutôt une expérience du bâtiment et se sont formés aux économies d'énergie ultérieurement. Dans le cas de logements collectifs, Urbanis fait appel à des bureaux d'études spécialisés en thermique. Il explique alors les résultats aux syndics, et les aide à élaborer les devis.
En matière de formation, les rénovateurs thermiques citent unanimement le dispositif Feebat (formation aux économies d'énergie des entreprises et artisans du bâtiment), qui dispense trois modules de formation pour le secteur résidentiel et un pour le tertiaire.
Financées par les fournisseurs d'énergie, ces formations sont gratuites pour les entreprises. Rénovateur thermique est clairement un métier d'avenir. « Le chiffre d'affaires du secteur de la rénovation du logement devrait plus que doubler d'ici à 2012, pour atteindre 18 ou 20 milliards d'euros par an, ce qui devrait mobiliser 120 000 emplois supplémentaires », écrivait le ministère de l'Écologie, il y a un an.
La hausse des prix de l'énergie, ces dernières années, ainsi que le Grenelle de l'environnement avaient déjà sensibilisé le grand public. L'écoprêt à taux zéro, destiné à financer la rénovation thermique des logements privés, et l'écoprêt logement social, qui finance l'amélioration de la performance énergétique des logements sociaux, donnent un coup de fouet supplémentaire au secteur.