Audit(s) achevé(s), résultats et préconisations présentés, vient l'heure des choix. Et pas forcément douloureux financièrement ! Optimisations tarifaires, réglages des installations, sensibilisation des utilisateurs et formation des personnels techniques... les leviers d'économies ne se limitent pas à de lourds travaux sur le bâti ou les équipements techniques. « Lors de la présentation des recommandations, nous nous attendions surtout à des mesures techniques. Surprise : une des propositions prioritaires concernait l'embauche d'un économe de flux pour assurer le suivi énergétique, piloter les installations de chauffage ou sensibiliser les utilisateurs. L'audit a en effet constaté autant de dysfonctionnements dans l'usage des bâtiments que d'anomalies techniques », témoigne Arnaud Catherine, adjoint au maire d'Équeurdreville-Hainneville (50). Michel Blin, consultant au Cabinet Bernard, l'a constaté dans de nombreuses communes. « Je découvre systématiquement un ou plusieurs bâtiments inutilisés le week-end, mais tout de même chauffés. Plus gênant, lors d'une récente visite dans une petite ville, l'agent chargé des installations de chauffage m'avouait ne pas savoir régler tous les modèles de programmateurs de la commune ! Élus et agents ont besoin d'être formés à ces questions », observe l'énergéticien.
Côté optimisations tarifaires et réglages, des économies sont facilement et rapidement réalisables. « Dans le Valenciennois, j'ai repéré, en épluchant les factures d'électricité d'une commune de trois mille habitants, une erreur de 13 000 euros en sa faveur. Dans une crèche, un changement de la puissance souscrite de l'abonnement a engendré une économie annuelle de 1 400 euros », illustre encore Michel Blin. L'Ademe conseille de « mettre en oeuvre rapidement les interventions préconisées ne nécessitant que peu d'investissements » et de « faire chiffrer par des entreprises les travaux rentables nécessitant des investissements plus conséquents ». « Pour atteindre les objectifs du Grenelle, il faut éviter de remettre les investissements lourds et panacher actions aux temps de retour courts et longs, les premières participant au financement des secondes », préconise Stéphane Louillat, à l'Ademe Île-de-France.
Attention toutefois à garder les pieds sur terre. « Mettre en oeuvre toutes les préconisations de notre prestataire nous coûterait 3 millions d'euros. Nous avons privilégié les actions les plus rentables en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, celles qui permettent un retour sur investissement rapide ainsi que les plus innovantes, mobilisatrices de subventions. Nous avons ainsi établi en janvier un programme de travaux de 400 000 euros HT s'étalant jusqu'en 2014. Première opération d'envergure ce mois-ci en équipant notre centre aquatique d'un déshumidificateur à pompe à chaleur et de panneaux thermiques. Nous considérons, en outre, depuis 2008, les critères économies d'énergie et d'environnement au même titre que les autres (sécurité, confort...) pour nos travaux courants », détaille Arnaud Catherine, à Équeurdreville-Hainneville (50).
Car l'approche énergétique doit évidemment s'intégrer dans une vision plus large. « La thermographie aérienne est avant tout un outil de sensibilisation, mais, sur la carte, la consommation excessive de nos piscines se voyait comme le nez au milieu de la figure. Comme il était temps de les remettre aux normes, nous en avons profité pour lancer un plan de rénovation, actuellement en cours. De manière générale, nous encourageons les communes à moduler leurs priorités d'investissements en fonction de l'usage des bâtiments », illustre Louardi Boughedada, vice-président de la Communauté urbaine de Dunkerque.
Les dysfonctionnements d'ordre acoustique, les mises aux normes électriques, incendie, accessibilité, plaintes à répétition... sont également de bons prétextes à rénovation thermique. Exemple, à Amiens, avec la réhabilitation du groupe scolaire Voltaire : « Cela faisait un moment que parents et utilisateurs se plaignaient de l'aspect tristounet du bâtiment et du froid dans les salles. Nous avons donc saisi l'opportunité de réhabilitation et investi 2 millions dans le projet, dont 1,6 pour l'amélioration thermique », précise Jean-Pierre Buzenet, à la mission énergie et développement durable, commune à la ville et à la métropole d'Amiens. Comme pour ses diagnostics, les agents amiénois travaillent sans bureau d'études, chose rare.
Pour ne pas laisser le rapport d'audit au fond d'un tiroir, l'Ademe conseille d'ailleurs d'envisager un accompagnement dès le lancement de la consultation. De même que, pour les travaux proprement dits, une assistance à maîtrise d'ouvrage peut s'avérer utile.