Jusqu'à - 35 °C l'hiver, un accès très limité à l'électricité, une biomasse, principale source d'énergie, de plus en plus rare, les conditions de vie sont rudes en Afghanistan. Le Geres, Groupe énergies renouvelables, environnement et solidarité, apporte sa pierre à l'édifice de l'aide internationale en y intervenant sur l'efficacité énergétique des bâtiments. Ce mois-ci, une trentaine d'entrepreneurs sortis de son centre de formation de Bamiyan débutent la construction de maisons passives solaires de démonstration. La formation-action est, en effet, la stratégie qu'a choisie le Geres pour son efficacité. Mais si l'ONG française étend, aujourd'hui, son action à l'habitat individuel, elle a commencé par intervenir sur les bâtiments publics.
Après des tests d'isolation menés entre 2002 et 2005 sur huit édifices, le Geres s'est engagé en février 2006, sous la maîtrise d'oeuvre de l'Ademe, dans un premier projet de trois ans en partie financé par le Fonds français pour l'environnement mondial. Objectif : construire ou réhabiliter cent bâtiments (3 800 m²). « Nous sommes finalement intervenus sur 286 bâtiments (176 560 m²). Nous avons principalement été impliqués dans la redéfinition des standards de construction de dispensaires médicaux ruraux et avons intégré les principes de l'efficacité énergétique dans plusieurs dizaines d'entre eux. Nous avons également travaillé sur plusieurs dizaines d'écoles, construit un concept de bâtiment scolaire bioclimatique et antisismique et été impliqués dans la construction de dortoirs de l'armée nationale », liste Jean-François Ospital, chef de mission. Résultats : conforts d'été et d'hiver améliorés (entre 2 et 10 °C supplémentaires) pour les bâtiments non chauffés (écoles et dispensaires) et des réductions des émissions de CO2 pouvant atteindre 70 % pour les locaux militaires chauffés (à 18 °C). Soit une diminution de moitié des besoins en combustible pour un surinvestissement de 10 %. « En nous appuyant sur la présence récente de quelques entreprises internationales, nous avons contribué à développer un début de marché de produits simples et de bonne qualité », assure Jean-François Ospital. Six entreprises afghanes fabriquent, aujourd'hui, isolants et fenêtres, tandis que seize autres seraient en mesure de construire des bâtiments performants.
L'ONG a accueilli au total 1 100 personnes au cours de 350 journées de formation et d'information et a inauguré, en début d'année, un centre de démonstration consacré à la construction bioclimatique de 8 000 m2. L'ONG recherche encore des fonds « pour accentuer la dissémination », en créant notamment un centre de formation avec Kabul Polytechnique. Plusieurs guides techniques bilingues ont, par ailleurs, été édités.