La Guadeloupe se doit de relever un double défi : la reconversion de ses terres contaminées par le chlordécone et le développement d'une production d'électricité à partir d'énergies renouvelables1. Le projet Cann'Elec, mené par Iris Ingénierie, répond à ces deux enjeux. « Le projet consiste à produire de la canne à sucre sur les quelque 4 000 hectares de terres polluées, afin d'alimenter des unités », explique Roland Guichard, du cabinet d'ingénierie. L'objectif est d'atteindre une production annuelle de plus de 200 GWh. Trois voire quatre centrales d'une puissance unitaire de 8 à 10 MW doivent ainsi être construites entre 2015 et 2025. « Elles le seront en fonction des besoins croissants en énergie estimés par EDF Archipel Guadeloupe », précise Roland Guichard.
Avant la pose de la première pierre, des études agronomiques doivent être conduites. « Si les différents aspects de la valorisation de la biomasse issue de l'industrie de la canne à sucre sont connus et parfaitement maîtrisés, l'utilisation à des seules fins de production électrique de biomasse, d'origine diverse et spécialement cultivée, ne le sont pas, ou peu », confie le directeur du projet. D'où un important programme de recherche et de développement en partenariat avec le Cirad et le pôle de compétitivité Synergîles en Guadeloupe.
Cette étape, d'une durée de trente mois, prévoit le développement d'une biomasse compatible avec des besoins industriels ; l'amélioration du rendement, l'actuel est de 80 t/ ha et l'objectif est d'atteindre les 190 t/ha ; la validation de l'évolution de la chlordécone en cas de combustion ; la définition d'un calendrier de plantation et de récolte. À l'issue de ces trente mois, une seconde phase de travaux sera programmée en vue du lancement des études industrielles nécessaires à la construction de la première unité de production. Outre un intérêt environnemental, Cann'Elec présente un intérêt économique avec des retombées estimées entre 40 et 60 millions d'euros pour les prestataires locaux, la création de soixante à quatre-vingts emplois directs, ainsi qu'un double intérêt agricole avec le maintien de l'activité sur les terres polluées et la suppression de sa saisonnalité, puisque les centrales fonctionneront toute l'année. L'investissement total est de l'ordre de 120 millions d'euros. La mise en service de la première centrale est prévue en 2014.