La rénovation thermique des bâtiments, volet emblématique du Grenelle de l'environnement, connaîtra-t-elle enfin le développement annoncé ? Plusieurs initiatives récentes montrent que la filière tout entière poursuit sa remise en question. Ainsi, le Prebat* qui coordonne la recherche nationale sur l'énergie dans le bâtiment, a choisi, pour sa deuxième phase (2011-2015), d'élargir ses réflexions aux aspects socio-économiques, du financement à l'usage du bâtiment. Car si les solutions techniques progressent et sont aujourd'hui disponibles sur le marché, les ménages peinent surtout à financer leurs travaux et à trouver les professionnels compétents pour les réaliser.
Côté financement, la nouvelle version du prêt à taux zéro, le PTZ +, modulable selon les performances énergétiques des logements, a franchi la barre des 100 000 bénéficiaires en quatre mois. Et démontre aussi sa capacité à stimuler l'offre et la demande de logements énergétiquement performants. Ainsi, dans le neuf, la part des bâtiments basse consommation dans le total des prêts accordés est passée de 10 % dans la version PTZ 2010, à 16,3 % pour le PTZ +. Dans l'ancien, la part des logements énergétiquement performants (A, B, C, D) bénéficiaires atteint 56 %. Parallèlement, les professionnels du bâtiment ont bien compris que le marché qui s'ouvre devant eux leur impose de gagner en compétences, pour développer des offres globales de rénovation thermique.
En témoigne le lancement du réseau Agir, filiale du groupe TBC, qui fédère des professionnels spécialisés sur la rénovation de l'habitat individuel. Non seulement il propose un véritable accompagnement technique et financier du projet, mais surtout garantit les résultats par contrat. Cette stratégie rejoint celle déjà engagée dès 2007 par Thermorenov, l'association des constructeurs pour l'amélioration de l'étiquette énergie. Enfin, dans le même objectif de rassurer les propriétaires, l'Ademe travaille à un nouveau label de qualification des entreprises. Quali Grenelle, dont la sortie est prévue en novembre prochain, pourrait même à terme conditionner l'obtention des aides relatives aux travaux d'économies d'énergie.
Autant de signes tangibles d'un bouleversement en profondeur du secteur, qui espère créer 15 000 à 20 000 emplois par an.