Le métier a changé. Les premiers conseillers info énergie arpentaient les salons en chantres des énergies renouvelables. Aujourd'hui, ils doivent surtout calmer l'enthousiasme des particuliers qui viennent leur présenter un projet et veulent connaître les aides auxquelles ils ont le droit. « Le cas typique, c'est la personne âgée que vient de démarcher un commercial », observe Sylvain Chirat, chargé de mission à l'Agence locale de l'énergie du Grand Lyon. Les questions varient selon l'air du temps. Il y a quelques années, elles portaient sur le solaire thermique ; maintenant, elles concernent davantage le photovoltaïque ou le remplacement des fenêtres. La méthode du conseiller, elle, reste toujours la même : « il faut repartir de zéro, aux besoins de base liés à la typologie du logement, à la consommation énergétique, au niveau d'isolation », poursuit-il. Le même discours est répété inlassablement : il faut hiérarchiser les travaux, en s'intéressant à l'enveloppe thermique avant de se poser la question des systèmes de production d'énergie ! « Attention à la tentation du suréquipement », indique Karine Ourcival, conseillère au CAUE du Tarn-et-Garonne. « Dans ce métier, la forme est aussi importante que le fond », continue Sylvain Chirat. Si chacun a sa façon d'amener les choses, mieux vaut faire preuve de diplomatie. « On ne doit jamais donner son avis, recommande Delphine Maisonneuve, conseillère info énergie au syndicat mixte du pays Thouarsais (Deux-Sèvres). L'objectif est de faire évoluer la réflexion sans imposer ses préférences. » Parfois, le particulier arrive avec des questions très pointues et s'avère plus informé que l'expert sur telle ou telle technique. Il faut alors, malgré tout, être en mesure de mettre les mains dans le cambouis scientifico-juridique pour lui trouver les réponses ou l'orienter vers d'autres personnes ressources plus spécialisées. Plus souvent, néanmoins, les interlocuteurs ont multiplié leurs recherches sur internet, mais se sont noyés sous un flot d'informations et sont finalement plutôt désemparés ! L'espace info énergie n'est pas un bureau d'études. Le conseiller n'a pas vocation, par exemple, à juger un fournisseur ou le montant d'un devis. Il est, en revanche, tout à fait dans son rôle en l'analysant et en validant qu'il n'y a pas de clause anormale ou de coûts cachés. En dehors du travail de bureau, une part non négligeable de l'activité consiste à organiser des ateliers techniques, des soirées-débats ou des visites de bâtiments exemplaires. « Les gens ne se contentent pas de théorie, ils veulent voir », insiste Sylvain Chirat. S'il existe un plan climat territorial, mieux vaut par ailleurs travailler en partenariat avec le chargé de mission qui l'anime. Chaque espace a, en outre, ses propres pratiques. La toute nouvelle Agence parisienne du climat comptant vingt conseillers, les équipes peuvent se spécialiser, travaillant l'une avec des copropriétés, l'autre avec les artisans ou les très petites entreprises (qui entrent dans le cadre du dispositif). À l'inverse, pour couvrir les 43 communes du Pays Thouarsais, Delphine Maisonneuve se doit d'être polyvalente. Impossible, par exemple, de compter sur un quelconque service juridique pour suivre l'évolution réglementaire ! « En janvier et février, je dois être à l'affût des informations qui paraissent dans le bulletin officiel car on y apprend les niveaux de performance éligibles à telle ou telle aide », illustre-t-elle. Dans le cadre du plan climat du Grand Montauban, Karine Ourcival est, quant à elle, missionnée pour rencontrer les candidats à une subvention pour l'installation d'un chauffe-eau solaire. Elle vérifie notamment que chaque dossier est éligible. Les niveaux de rémunération et de formation sont tout aussi variables entre les conseillers. Sylvain Chirat a obtenu une maîtrise de géographie avant d'être animateur en énergie, Karine Ourcival a en poche une maîtrise de géographie et une formation aux Beaux-arts... Tous ont en commun, en revanche, les quelques jours passés avec l'Ademe au moment de leur embauche et des formations courtes organisées par l'agence chaque année sur la résistance thermique des écomatériaux ou sur la communication engageante, celle qui entraîne des changements de comportement chez ses interlocuteurs. Des réseaux régionalisés permettent enfin aux conseillers de partager en temps réel leur expérience et les questions auxquelles ils ont du mal à répondre.