« Méthanisation à la ferme : un soutien hypocrite »
1 Comment accueillez-vous le renforcement des soutiens à la méthanisation agricole ?
Nous ne sommes qu'à moitié satisfaits. Le tarif d'achat garanti du kilowattheure électrique augmente, mais l'assiette est modifiée : sortent du calcul de la prime à l'efficacité énergétique les volumes autoconsommés pour chauffer le digesteur et ceux brûlés pour assainir et pasteuriser le déchet. Au bout du compte, la hausse est minime. Il aurait fallu une augmentation globale de 30 % : 20 % pour les grosses installations et 40 % pour les petites. Nous espérons que la nouvelle filière d'injection dans le réseau de gaz, dont on attend la grille tarifaire, compensera ces désillusions. À partir d'un débit de biogaz de 100 m3/h, le jeu en vaut la chandelle.
2 Atteindra-t-on les objectifs du Grenelle ?
Non, car les moyens ne sont pas à la hauteur des objectifs : 625 MW électriques et 555 000 tep de chaleur par an en 2020. Nous pourrions y arriver si les porteurs de projets étaient assurés d'une visibilité sur les soutiens financiers. Or, entre l'Ademe, les collectivités locales et le ministère de l'Agriculture, on nous renvoie aux aléas budgétaires. Les bailleurs de fonds potentiels ne reconduisent pas forcément leurs aides d'une année sur l'autre. Par ailleurs, les systèmes d'appels à projets, comme le plan de performance énergétique à la ferme il y a deux ans, ont montré leurs limites : beaucoup de candidats pour peu d'élus, et encore moins de réalisations.
3 Le fisc réclame 6 millions d'euros au Siaap pour non-paiement de TVA sur le biogaz autoconsommé. Faut-il taxer le biogaz de step ?
Non, on nage en pleine contradiction : on ne peut pas d'un côté promouvoir le développement des énergies renouvelables et de l'autre le taxer. Le fisc fonde sa requête sur l'assimilation du biogaz au gaz naturel. Ce sont tous les deux des molécules de méthane, alors que le premier est une énergie renouvelable produite localement, le second est une énergie fossile importée. À ce compte-là, taxons l'air qu'on respire ! Ce redressement fiscal est d'autant plus inquiétant que potentiellement, il s'applique à toutes les stations d'épuration dans le même cas en France.