Le titre de ce dossier spécial pourrait être celui du programme d'un candidat aux prochaines élections présidentielles tant l'économie est au coeur de toutes les stratégies publiques et industrielles. Et la rigueur comptable touche tout le monde. De Veolia Environnement, qui annonce 150 millions d'euros d'économies en 2013, à la PME Pure Impression, qui a réduit le coût de gestion de ses déchets de 40 000 euros par an. Tout comme la Région Midi-Pyrénées a trouvé 430 millions d'euros auprès du Feder et le Syndicat intercommunal de l'eau potable de l'agglomération cannoise économise 5 millions d'euros par an grâce à une renégociation impitoyable de son contrat de délégation de service public.
C'est dire que les montants peuvent être considérables et les stratégies variées. La plus classique vise à économiser les ressources. France Télécom a ainsi réduit sa facture d'eau d'un tiers et l'acousticien René Gamba sa facture d'énergie de 35 000 euros par an. Mais il arrive aussi que la conjoncture oblige carrément à repenser ses marchés. L'accident de Fukushima secoue forcément les cadors du nucléaire et la nouvelle donne réglementaire sur le solaire impose aux entreprises spécialisées de se diversifier, comme le fait Evasol. Dans certains cas, c'est le marché qui accélère les mutations, de Bolloré, qui mise sur sa Blue Car et l'Autolib parisien, à Bénéteau, qui investit dans la production industrielle de maisons à ossature en bois.
La crise impose aussi de mieux contrôler sa gestion, qu'il s'agisse de celle d'un opérateur privé, comme l'a fait Lille avec ETDE pour l'éclairage public, ou d'une régie, comme celle du Grand Roanne sur la collecte des déchets. Avec, à la clé, 38 % de consommations en moins à Lille et 400 000 euros d'économies par an au Grand Roanne. Autant d'exemples qui montrent combien les collectivités ont perdu tous complexes vis-à-vis des entreprises privées. Non seulement, elles négocient pied à pied avec elles, mais elles se saisissent aussi des nouvelles opportunités réglementaires pour gérer seules leurs affaires. En créant une société publique locale, comme la Saône-et-Loire pour gérer son réseau de transports urbains, ou en votant la toute nouvelle taxe sur les eaux pluviales, comme la communauté d'agglomération du Douaisis.
Enfin, les difficultés économiques et le montant des investissements à mobiliser stimulent les partenariats. Si la mutualisation des moyens matériels et humains fait son chemin entre collectivités, l'utilisation de la chaleur perdue des uns au profit des autres sort des canalisations d'eaux usées pour s'intéresser aux datacenters. Il ne s'agit pas ici de vanter les mérites de la crise, mais ceux d'élus et dirigeants d'entreprise qui déploient une énergie sans faille pour la traverser et pourquoi pas en tirer profit.