Récupérer la chaleur existante plutôt que de la produire. L'idée est simple, le gain environnemental évident, et ces projets devraient donc se multiplier. La société Dalkia met actuellement en place un système de récupération de chaleur d'un centre de traitement des données (« datacenter ») de la banque Natixis. Cette installation est destinée à chauffer le val d'Europe, le pôle d'entreprises développé par Euro Disney.
Les datacenters sont obligés de refroidir leurs équipements informatiques vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept, et rejettent la chaleur dans l'atmosphère grâce à un échangeur de chaleur. « Nous nous branchons sur ce dernier, et nous chauffons ainsi de l'eau à 55 °C, explique Christophe Hoizey, directeur du projet chez Dalkia. Puis nous la distribuons aux entreprises via un réseau de chaleur. Une chaudière à gaz de secours sécurise le dispositif. » D'une puissance de 2,4 mégawatts, ce réseau entrera en service à la fin de l'année. Et évitera le rejet de 5 400 tonnes de CO2 par rapport à une installation au gaz naturel. Deux autres tranches sont prévues d'ici à 2015, pour une puissance totale de 7,8 MW. Mais ce n'est pas parce que cette énergie est récupérée gratuitement qu'elle revient moins cher. Du côté de Natixis, aucun gain financier escompté : le contrat d'achat de chaleur compense le surinvestissement lié à la modification des équipements par rapport aux installations classiques. Les clients, quant à eux, payeront le kilowattheure 8 centimes, légèrement plus que pour les réseaux de chaleur fonctionnant aux énergies fossiles ou à la géothermie. La raison en est simple : l'investissement, d'environ 4 millions d'euros, est plus coûteux qu'une centrale au gaz. Mais le coût de cette chaleur est indépendant des cours du gaz naturel. Cette solution pourrait donc devenir économiquement intéressante si les prix du gaz continuaient de grimper au même rythme que les dernières années, et que la prochaine taxe sur le CO2 était d'un bon niveau. D'autant que Dalkia a signé un contrat pour le rachat de la chaleur de Natixis pendant vingt-cinq ans.
L'énergéticien a déposé un dossier pour bénéficier des subventions du Fonds chaleur de l'Ademe. « C'est un procédé pilote, expérimental, donc plus cher, justifie Christophe Hoisey, mais les coûts vont baisser avec leur développement. C'est reproductible ailleurs, et nous sommes déjà en discussion avec d'autres datacenters. » Un marché d'avenir : avec la forte augmentation des besoins de calcul et de stockage liés à Internet, les centres de traitement de données devraient croître de plus de 20 % par an dans les années à venir.