C'est l'un des plus discrets et ambitieux programmes d'efficacité énergétique de la capitale. Porté par l'adjoint à l'environnement Denis Baupin, un élu Vert a priori peu enclin à céder aux sirènes du partenariat public-privé (PPP), ce mode contractuel a été préféré à une gestion directe, car « lui seul garantit sur vingt ans des économies d'énergie, avec des pénalités si elles ne sont pas atteintes et un budget maîtrisé », avance-t-il.
À l'issue d'un dialogue compétitif entamé fin 2010, ce contrat d'un montant de 56 millions d'euros a été remporté par EDF Optimal Solutions, la Caisse des dépôts et le cabinet Atlante Gestion, devant des groupements concurrents menés par Bouygues ou GDF Suez. « Ce CPE est unique en raison du nombre de bâtiments concernés en milieu urbain et les contraintes qu'il induit. Rénover cent écoles maternelles et élémentaires en deux étés, tout en profitant des petites vacances pour entamer les travaux, est une première », s'enthousiasme Olivier Manfredi, directeur de l'agence CPE d'EDF Optimal Solutions. Dès la fin des travaux, ce groupement, qui a fondé la société Nov'Ecoles pour coordonner son action et puiser des financements auprès des banques (Auxifip, BTP Banque), s'engage à réduire de 30 % par an les consommations d'énergie (10 GWh) et les rejets de CO2 des écoles. « Il y a des passoires thermiques et des établissements plus modernes : l'objectif sera atteint sur l'ensemble », ajoute Denis Baupin. Au programme, des travaux d'isolation par l'intérieur (un millier de salles à rénover), le remplacement de 7 000 luminaires, de simples vitrages par des doubles (1 200 fenêtres à changer) et des chaudières au gaz par des modèles à condensation. Il est aussi prévu de végétaliser 3 000 m2 de toits.
Simples mais robustes, les solutions déployées ont été précédées d'un audit complet et testées sur une école pilote. Un millier d'ouvriers interviendront sur l'ensemble des chantiers. Parmi les sociétés retenues figurent l'entreprise de BTP Léon Grosse et la Cram, filiale de Dalkia, qui télégèrera les équipements. « Outre les travaux, ce projet innove par son organisation en phase d'exploitation : une coexploitation entre la personne publique et la personne privée a été imaginée pour renforcer et capitaliser les savoir-faire de chacune des parties », précise Olivier Manfredi. En clair, les chaufferies habituellement exploitées en régie seront désormais cogérées en vue de maintenir le niveau de performance attendu. Autre spécificité du contrat : une partie des travaux est confiée à des PME et artisans locaux. Il intègre aussi un volet « comportemental » : durant son cycle scolaire, chaque élève sera sensibilisé au moins deux fois aux écogestes par les soins de l'association Eveil.