La ville durable sera une ville intelligente. Sans aucun doute… à condition de ne pas restreindre ce qualificatif à un seul dé ploiement d'informatique. Mieux vaut parler d'une ville où l'on vit en bonne intelligence et qui favorise toutes les connexions en facilitant la cir culation des habitants, des idées et des compétences. Circulations physiques par un réseau dense de transports en commun. Mais aussi circulation des idées par la mise en place d'instances pé rennes de concertation. Et circulation des compétences en favorisant toutes les collaborations même les plus improbables. La douzaine de démonstrateurs de réseaux intelligents qui ont démarré dans l'Hexagone il lustrent par faitement cette nécessité de faire travailler ensemble les spé cia listes de l'énergie, de la ville et des systèmes d'information. Nice Grid rassemble dix partenaires et Greenlys, douze ! Bouygues Immobilier a réuni une dizaine d'industriels pour plancher pen dant trois ans sur la conception et l'exploitation d'un bâtiment à énergie positive. Mais il n'y a pas que les grands groupes, en particulier sur l'énergie, qui par viennent à mettre en commun leur matière grise, on assiste, dans tous les domaines et à toutes les échelles, à des rencontres décom plexées. Gros opérateur de trans ports publics et start-up d'auto partage à Bordeaux, partenariat entre Grand Lyon et l'équivalent japonais de l'Ademe, contrats entre professionnels du déchet et entreprises d'insertion…
La ville durable ne se construira qu'en mobilisant l'intelligence collective. Certes, les collectivités ont bien compris comment elles pouvaient s'en traider en partageant leurs expériences et leur expertise. Le conseil général du Gard ac com pagne ainsi les communes du département dans la construc tion de leur plan d'urbanisme. Et le tout jeune réseau des territoires à énergie positive aide ses adhé rents à surmonter obstacles régle m e nt a i re s et te ch n i qu e s. M a i s les élus prennent aussi mieux en compte la parole citoyenne. Ainsi Montreuil entend et ac com pagne la d e m a n d e d'habitat par ti c i patif. Et Libourne met en place une régie de contrôle citoyenne de l'eau potable. Les exemples ne m a n qu e nt p a s, mais le t ab l e au s e r a i t incomplet s a n s un v o l e t social bien présent. En intégrant des c l a u s e s d'insertion dans leurs m a rch é s, les co l l e c t i v i té s ont donné à l'économie s o ciale et solidaire sa légitimité. Quand la Mayenne s o u t i e nt l'i n s t a l l a tion dans toutes les dé chèteries des conteneurs de réemploi, elle a s s u r e l'équilibre é co n o m i q u e d'Emmaüs, la création d'emplois et la p r é v e n t i o n des d é c h e t s. Et q u a n d Eau de Paris s i g n e une char te ave c l'ensemble des bailleurs sociaux, c'est pour éco nomiser la ressource mais aussi r é d u i r e les c h a r g e s locatives. Un e stratégie q u i doit d e v e n i r in contournable car si les v i l l e s abritent 75 % de la p o p u l at i o n mondiale en 2050, comme l'an noncent déjà les prévisionnistes, il va bien falloir apprendre à bien vivre en semble.