Rénover son parc immobilier devient une nécessité pour les collectivités de toutes tailles. Mais ces dernières ont beaucoup d'autres préoccupations : politiques environnementales et sociétales, développement économique, sécurité… Alors pourquoi ne pas profiter de la contrainte énergétique pour en faire plus ? Un projet de rénovation peut en effet être avantageusement couplé à une action de mise en valeur du patrimoine historique, de dynamisation d'une filière locale ou de sensibilisation des occupants et du grand public. « En faire plus aujourd'hui, c'est déjà mener une opération de rénovation globale : approche d'ensemble du patrimoine, puis de chaque bâtiment et rai son nement en coût général. Pour une amélioration thermique efficace, on ne peut pas faire l'impasse sur les travaux de mise aux normes de sécurité et de confort, recadre Régis Pouyet, chargé de la mise en place d'Oser, le dispositif de tiers-financement de Rhône-Alpes. Mais pour aller plus loin, nous allons chercher par nos projets à stimuler la concurrence et faire émerger de nouveaux acteurs, notamment des consortiums locaux rassemblant maîtres d'œuvre, artisans, bureaux d'études, énergéticiens, etc. Nous souhaitions créer un marché où ces derniers développeraient une véritable offre de rénovation globale. »
Un seul projet, emblématique, peut aussi servir de catalyseur au développement d'une filière locale. C'est ce qu'a récemment expérimenté Troyes en faisant de la rénovation BBC de sa maison du tourisme une vitrine de l'utilisation du béton de chanvre. La ville a réuni tous les acteurs de la filière départementale dans un comité scientifique et technique chargé de suivre le comportement du bâtiment durant trois ans. Autre possibilité, en général prisée par les élus : profiter de la rénovation pour introduire des énergies renouvelables.
En faire plus, c'est aussi exprimer des exigences dépassant le seul cadre énergétique, en réclamant par exemple l'emploi d'isolants naturels. « Avec l'appui du bureau d'études qui a conduit le diagnostic énergétique de notre foyer communal, nous avons bâti un cahier des charges demandant des isolants écolabellisés pour sa rénovation. Nous avons aussi profité de cette opération pour appliquer les préconisations du diagnostic sur l'accessibilité réalisé un an auparavant ou répondre à un appel à projets de l'agence de l'eau pour financer un système de récupération des eaux de pluie. Nous avons enfin associé notre agent technique à toutes les réunions de chantier afin qu'il se forme à la maintenance de la ventilation double flux, avec sonde CO 2 installée », témoigne Stéphanie Cadoret, maire du village haut-savoyard de Saint-Laurent.
En apportant un plus à la population, par exemple en termes de confort, un projet de rénovation énergétique peut devenir un excellent vecteur de sensibilisation à la sobriété énergétique et même, plus largement, à l'environnement et au développement durable. Le contrat de performance énergétique de services que Spie a signé en juillet avec Annemasse pour six bâtiments inclut ainsi une clause de sensibilisation. « Pour atteindre les objectifs du contrat, il faut que les usagers des bâtiments soient parties prenantes. Nous rencontrerons donc une ou deux fois par an les associations d'usagers, les responsables de l'entretien, les employés de la mairie… Nous réfléchissons également, en partenariat avec les équipes pédagogiques concernées, aux actions à mener auprès des scolaires », détaille Frédéric Hérin, responsable du développement des offres de maintenance chez Spie. « Le Syane ne s'occupe pas directement de la sensibilisation. Nous subventionnons chaque année l'espace info-énergie de l'association Prioriterre qui mène diverses actions, aussi bien auprès du conseil municipal que des usagers », ajoute Cécile Pourrat, responsable du service maîtrise de l'énergie et énergies renouvelables du Syndicat des énergies de la Haute-Savoie. Et, le projet livré, il faut inaugurer le bâtiment. « Ce qui marche le mieux, c'est de montrer le beau projet de la commune voisine », conclut un technicien de terrain.