J
e ne voulais plus travailler avec un toit au-dessus de la tête », se souvient Arnaud Malcuit . Chez l'exploitant de sites éoliens Eole-Res depuis cinq ans, il ne regrette pas sa réorientation. Cet ancien technicien de maintenance dans l'industrie s'est spécialisé dans l'éolien grâce à une formation de neuf mois calquée sur le référentiel allemand BZEE, une référence dans la profession. Aujourd'hui, il navigue entre Valence et Perpignan pour expertiser les composants des aérogénérateurs dès qu'une baisse de performance est mise en évidence. « C'est un travail dans la nature. Les sites sont beaux et variés », se réjouit le technicien.
En haut des mâts, si Arnaud Malcuit est équipé d'un appareil photo, c'est pour immortaliser des pièces et équipements inaccessibles à l'aide d'un endoscope. De retour au bureau, il lui reste à rédiger un rapport et à éclairer le responsable de la maintenance pour qu'il prenne les décisions appropriées.
Mais le travail de technicien diffère chez les constructeurs qui assurent l'entretien des machines. Au moins pendant les premières années de vie d'un parc. « Au quotidien, je réalise les opérations de maintenance préventive », illustre Thomas Monnier, embauché chez Alstom. À lui la responsabilité de resserrer les boulons ou de graisser les engrenages. Il doit aussi réaliser des analyses vibratoires sur site, analyser les données de production ou de température disponibles à distance… Chez les constructeurs, les techniciens sont là aussi pour remplacer les pièces défaillantes.
La fédération France Énergie éolienne évalue à quatre (bientôt sept) le nombre de formations qui préparent au métier. Elles offrent un niveau bac + 3. Les techniciens peuvent aussi se former sur le tas en acquérant des certificats d'aptitude pour le travail et le sauvetage en hauteur, en obtenant une habilitation électrique… Certaines choses s'apprennent plus difficilement. Pour se hisser dans la nacelle, mieux vaut être sportif. « Après une grosse journée, on peut rentrer courbaturé », reconnaît Thomas Monnier. La plupart des machines sont équipées d'ascenseurs, mais pas toutes. En outre, il faut se glisser dans les pales, parfois se contorsionner pour atteindre l'équipement défaillant… Le métier n'est fait ni pour les acrophobes, ni pour les claustrophobes. « On peut aussi avoir une sensation de mal de mer, poursuit le technicien. Au début, j'avais l'impression de voir mon assiette bouger en rentrant chez moi. Mais mon corps s'y est fait. » Malgré cela, lui non plus ne regrette pas son choix. La vie au grand air supporte quelques moments de confinement. l
« Le technicien éolien doit être polyvalent. Comprendre le fonctionnement global des machines est essentiel pour mettre en évidence une anomalie. Après une visite de terrain, c'est en équipe qu'il faut la résoudre. Généralement, un groupe de travail se constitue pour analyser la situation. Puis il faut aller chercher la bonne information auprès des fabricants d'éoliennes. Des qualités relationnelles sont nécessaires pour communiquer avec les techniciens, les propriétaires des parcs et les assureurs. Mieux vaut ne pas avoir peur de prendre son téléphone. Dans un contexte international, le technicien est amené à échanger en anglais. Comme les machines contiennent de plus en plus d'électronique, la maîtrise des outils informatiques (surtout Excel) permet enfin d'analyser les données et de réaliser des rapports sur la production pour optimiser la qualité du parc. »