L'arrêt d'un parc éolien, quelques mois après le débat sur la transition énergétique, jette un froid. Surtout quand le relais est pris par des centrales au fioul. C'est pourtant ce qui se passe actuellement à Miquelon, petite île française dans l' Atlantique-Nord, où le groupe Eole Miquelon, filiale de Quadran, arrête définitivement ses dix éoliennes. La raison : un manque de rentabilité. D'après le contrat, signé en 1999 avant l'existence des arrêtés tarifaires sur les énergies renouvelables, les éoliennes sont asservies au fonctionnement de la centrale thermique : en fonction de la production de cette dernière, elles sont autorisées ou non à se coupler au réseau. Laurent Albuisson, directeur régional de Quadran pour le Centre-Ouest et l'outre-mer, dénonce la mauvaise volonté d'EDF et de la CRE. « Nous connaissions cette clause au départ. Cependant, les pratiques de la centrale ne tiennent aucun compte du parc éolien, regrette-t-il. Nous perdons ainsi 40 à 50 % de la production. » Après 1,5 million d'euros de pertes financières, Eole Miquelon jette l'éponge. Alors même que le prix du kilowattheure éolien, 12 à 14 centimes, est largement inférieur à celui de la centrale thermique. De son côté, EDF estime que les éoliennes étaient dès le départ surdimensionnées pour le petit réseau isolé de Miquelon, et qu'elles ne fonctionnent que 40 % du temps. « Pour la sécurité d'approvisionnement, la réglementation nous interdit de dépasser 30 % d'énergies intermittentes dans les systèmes insulaires. L'éolien doit donc venir uniquement en complément de l'énergie thermique », rappelle l'électricien, qui ajoute qu'Eole Miquelon a été débouté de ses recours judiciaires par le tribunal administratif de Saint-Pierre-et-Miquelon en 2008, puis par la Cour d'appel administrative de Bordeaux en 2010.