Pour la rénovation thermique des maisons individuelles, l'Alsace a voulu penser à tout. Jusqu'à la truelle. La bonne coordination des artisans sur les chantiers lui apparaît comme une condition essentielle de réussite… tant, a contrario, son absence produit souvent la meilleure des contre-publicités ! C'est pourquoi le SPEE (service public de l'efficacité énergétique), lancé début juillet par le conseil régional et l'Ademe, met l'accent sur la formation au – bon – travail en groupement entre corps de métiers.
Le cursus se déroule dans les pays, l'échelon territorial retenu pour le SPEE. Les thermiciens formateurs y appliquent le dispositif opérationnel de rénovation de maisons individuelles (Doremi) de l'Institut Négawatt de Grenoble. Au programme, un premier module de trois jours sur la constitution des groupements et l'atteinte des « solutions techniques de référence » de Négawatt, synonymes de bonne performance énergétique. Suit une session de vingt-quatre heures sur la rédaction des devis et la mise en œuvre des techniques, avant deux chantiers-tests réels. Les entreprises y sont encore encadrées par les for-mateurs une dernière fois, avant de voler de leurs propres ailes.
Les groupements doivent cumuler huit compétences en isolation extérieure et intérieure, menuiserie, chauffage-ventilation et électricité. Leurs adhérents doivent être RGE (reconnu garant de l'environnement). « Ils signent une charte qui les engage à suivre l'intégralité de la formation, à désigner un pilote interlocuteur unique du propriétaire et à ne pas sous-traiter, sauf solution technique très particulière », ajoute Guillaume Combe, chargé de mission plan climat au pays de Thur-Doller. Grâce à la coordination et aux économies d'échelle, les prestations devraient rester inférieures ou proches de 500 euros le mètre carré.
Sur les dix pays alsaciens, six ont lancé leur plateforme de rénovation énergétique. Celui de Thur-Doller a constitué un premier groupe de quatre entreprises et il travaille à la création d'un deuxième. « Le plus difficile consiste à trouver l'électricien RGE », témoigne Guillaume Combe.
Sur l'ensemble de l'Alsace, le conseil régional vise 2 500 rénovations ramenant l'énergie primaire autour de 100 kWh/m2 /an d'ici à 2020. Il a ciblé les maisons sorties de terre de l'après-guerre jusqu'en 1974, à la fois antérieures aux premières mesures d'économies d'énergie et postérieures aux constructions traditionnelles dont la rénovation requiert un savoir-faire spécial.
Concernant les particuliers, le SPEE « est là pour leur faciliter la vie en créant un guichet unique d'instruction des multiples aides », complète Monique Jung, vice-présidente environnement-habitat de la Région.